Je vous raconte ici chaque jour, une des 11 étapes de mon voyage avec mon ‘Club des 5’ cet été sur la Route du Blues. Entre Chicago et New Orleans. Le dernier épisode (11éme) sera constitué d’un maximum de photos.
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Salutations,
Alors nous sommes à La Nouvelle Orléans. Une ville tellement courbaturée par la pauvreté, maltraitée par Katrina en 2004, déglinguée par l’abandon, gâtée par le temps. Cette ville est vieille, vieillit prématurément par manque d’entretien. La violence y règne en maître comme dans un film d’anticipation.
Anyway, j’ai sorti deux ou trois fringues qui vont me transformer en prince du macadam, direction Bourbon Street, de jour. C’est la rue de tous les clubs. En fait non, c’est la rue où ça vomit et pisse partout, ça pue la gerbe. C’est la rue que les dépliants touristiques vous disent d’aller voir. Des dépliants qui ont dû être écrits il y a quarante ans. Sur une trentaine de clubs de musique, beaucoup proposent du karaoké. Dans quelques uns c’est du twerk, les clientes sont invitées à monter en groupe sur la scène, elles tournent le dos au public et remuent leur fessier en rythme. Je rentre dans un de ces clubs, je regarde les fessiers… hum… well… je comprends que ça vomisse partout dans la rue.
Du twerk, dans la rue.
Dans Bourbon Street, je trouve seulement deux clubs qui jouent la musique qui a fait la réputation de l’endroit, à savoir le jazz et accessoirement le blues. Un mec sympa aborde mon fils resté devant un de ces clubs (interdit de rentrer avant 21 ans) et lui dit : « Man, si tu veux de la bonne musique, la vraie, tu vas dans la rue là-bas, celle qui est parallèle à Bourbon Street, c’est Royale Street, où celle d’après c’est Jackson Square. Tu entendras des Big Band et des vrais musiciens. » On y est allé, en effet c’est bien mieux. Les mecs qui font les dépliants touristiques n’ont pas dû aller jusque là.
On est quand même revenu dans Bourbon Street plus tard, pour voir le côté ‘faune ». Un travesti me regarde parce que je le prends en photo, il me fusille du regard. Je comprends bien qu’il voudrait que je lui file du pognon pour prendre un cliché. Comme je ne bouge pas le petit doigt vers mon porte monnaie, il me montre son gros doigt. Un signe majeur d’hostilité. Aux balcons, les filles d’une boîte de strip montre une partie de la marchandise. Même sanction, l’une d’elle me fait un doigt. Ou alors, c’est pour me faire comprendre qu’elle veut que j’utilise mes doigts ? Vas savoir.
Au milieu de tout ça, de temps en temps, je croise un prêcheur qui essaie de ramener les pêcheurs que nous sommes dans le bon chemin. Pas envie de ses conseils de sagesse de supermarché et de son pseudo sourire inquisiteur. Je crois que cette fois c’est moi qui vais sortir mon doigt pour… appuyer sur le déclencheur de mon appareil photo. Histoire d’immortaliser la vertu au milieu des transgressions, l’hypocrisie moralisatrice. -Hey man le mot god s’écrit avec un ‘e’ à la fin par ici !C’est marrant les touristes en groupe. Vous êtes sur le trottoir opposé, vous gueulez « Hey Guys, smile ! » et ils se retournent tous en souriant. Alors en photographiant, je souris aussi. je dois également être un touriste un peu con…
Le Mississippi avec une miss happy.
Le soir est tombé sur New Orleans, il est 1h49, Thierry, de mon club des Cinq ( je vous présente le groupe lors du dernier épisode), est à court de Jack Daniels, c’est donc le moment de rentrer. Je file adopter la position horizontale. Un dernier jour demain dans cette ville, La Grosse Facile (voir épisode 8 pour comprendre) J’espère que vous allez bien.
Eric Laforge
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Comme tu le dis si bien il y a 40 ans la Bourbon street c’était toute autre chose . J’y étais le 16/08/1977 je jour de mes 20 ans et de la mort du KING Elvis Presley …..Merci de nous faire rêver….
Eric, je crois que tu as raté la Nouvelle Orléans, celle qui se relève de Katrina, celle qui s’embourgeoise (gentrify comme on dit là-bas). Pour la bonne musique il fallait aller dans les clubs de Frenchman Street ou à Treme, à la rencontre de l’endroit où est né le jazz et Louis Armstrong. Bourbon Street (qui peut être charmante quand on dépasse le quartier chaud), c’est pour le folklore, pour les touristes. Je ne retrouve pas du tout la ville que j’ai visitée (je dois le dire, plus qu’un jour) dans ton histoire. Il existe des dépliants touristiques plus modernes tu sais ! J’attends tes photos. 🙂
Malheureusement non, cette ville ne se relève pas, contrairement à ce qui est dit. Ce n’est pas ma première visite là-bas, en deux ans, j’ai constaté encore un appauvrissement. Et d’ailleurs c’est juste mathématique, après Katrina, plus de 130 000 habitants ont fui, il y a beaucoup moins de rentrées fiscales. Une partie de cette ville est totalement à l’abandon. Et même le centre, il suffit de se promener à pied pour y voir toutes les traces de l’abandon. Dans la parc Armstrong, le grand et beau bâtiment qui ressemble à un palais est abandonné, le plus grand building de la ville, près du Mississippi est abandonné totalement aussi etc. On peut aimer cette ville comme c’est ton cas semble t-il, mais aucun signe ne montre son relèvement. Pour ce qui est de la musique, comme je le dis dans l’article, en effet ce n’est pas à Bourbon Street qu’il faut aller. Le dernier article de ce Road trip sera un peu plus joyeux concernant New Orleans, mais ça n’empêche que je ne pourrais pas inventer de l’optimisme là où tout s’écroule.