Chicago – New Orleans, ma route du Blues 2015 !

Voici le dernier épisode de ce Road trip d’enfer. C’était cet été entre Chicago et New Orleans, en bagnole. Si vous avez manqué les 10 épisodes précédents… c’est dommage, mais vous pouvez les retrouver ici sur ZibloG dans la rubrique ‘Voyages’.

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Profiter de chaque seconde ! 

C’est l’idée qui m’a trotté dans la tête lorsque j’ai décidé de refaire la Route du Blues avec mon club des 5. Je vous présenterai mes quatre compagnons de route dans cet article. La Route du Blues, ça n’est pas un trajet, mais un état d’esprit. Avec ces photos, j’avais envie de vous montrer un pays fabuleux, les Etats Unis. Un pays fabuleux certes, mais qui n’a rien à voir avec l’image que le touriste de base s’en fait. C’est un pays pauvre que j’ai à nouveau visité, pour la 9 éme fois. Le Sud est désolé et baigne dans un excés de religiosité très malsain. La fameuse church belt, la ceinture d’églises.

Vous y traversez des petites villes et villages abandonnés par l’Etat, abandonnés par les politiques. Les maisons sont souvent des taudis, mais au milieu de tout cela, trônent partout des églises flambant neuves. Baptistes, évangélistes, luthériennes, anglicanes, méthodistes etc.  Autant de courants religieux dont l’apparat, l’éclat et l’opulence sont une provocation à la pauvreté alentour. Pourtant, ce sont les pauvres des environs qui financent. Incompréhensible pour l’humain que je suis et qui pense d’abord à son prochain plutôt qu’à un homme invisible qui est censé nous protéger.

Soit !

Au-delà de ces considérations, la Route du Blues est un voyage dépaysant, de la musique et des rencontres incroyables. Cette route, je l’ai faite au départ de Chicago dans le sens inverse des premiers bluesmen. A l’époque, ils ont marché depuis le Delta du Mississippi le long des routes pour rejoindre le Nord et ses promesses de boulots bien payés, dans l’industrie notamment. Dans le Sud, il y avait la ségrégation, le racisme et surtout la crise de 1929 qui avait frappé encore plus durement, les pauvres étaient devenus encore plus misérables. Les chanteurs de blues avaient vraiment le blues.

Voici donc une bonne cinquantaine de photos pour revivre ce périple, mais d’abord, je vous présente enfin mon ‘Club des Cinq’.

11903935_809756502475635_6534165777517643421_nIci, à Sun Studio, Memphis. Là où Elvis a enregistré ses premiers titres. De gauche à droite : Romain qui a trouvé ‘la’ Wifi – Maxime, l’héritier – Le mec qui tient le micro vous le connaissez – Thierry, animateur de radio à Tahiti – Benoît, l’homme à lunettes.

11665703_10205043803840394_5973333390752670520_nAu sommet du plus grand immeuble de Chicago, sur une plaque de verre à 443 mètres au dessus du vide. Au début, on n’hésite un peu, d’autant que ça tremble. Ensuite, on hésite encore… puis on espère que le verre soit solide !

11252158_10205066650531547_4766083517215472857_nDevant Graceland à Memphis, la maison d’Elvis. Ce jour-là, le King était dans le jardin, enfin Thierry m’a dit l’avoir vu et Benoit a confirmé en me disant : -Oui, oui, il était dans son potager en train de manger des pissenlits par la racine !

18711_10205077742248833_7422176753615623681_nIci, avec Lucille, la célèbre guitare de BB King, devant son musée à Indianola.

11019549_10205039970744569_5586558939961286575_nLe muret de l’auberge de jeunesse de Chicago. Un muret sur lequel j’ai dormi un soir de…un soir ou le taxi a mis 2 heures à se pointer.

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Notre mur Facebook, à La Nouvelle-Orleans.

20107_10153358566994333_3761048010846178366_nA Pontiac, la ville des fresques murales.

IMG_0678 - copieJackson square à New-Orleans.

IMG_0255 - copieThe Windy city. La ville où le vent souffle en permanence, j’en étais décoiffé, voire même ébouriffé.IMG_0252 - copieSeuls, ceux qui sont allés à Chicago ces dernières années comprendront peut-être ce que l’on voit sur cette photo.

IMG_0100 - copieLe Legend’s, le club d’une des figures les plus emblématiques du Blues, Buddy Guy.

IMG_0236 - copieDans le Legend’s. Le vigile m’a demandé de ne pas prendre de photos, hum… Alors j’en ai pris une, puis une autre puis je suis mort.

IMG_0181 - copieA Chicago, ce qui a été la plus grande poste du monde. Aujourd’hui c’est une friche industrielle, sorte d’énorme verrue à deux pas du downtown. Un paquebot abandonné.

IMG_0172 - copieMon pote Thierry, animateur de radio à Tahiti, devant ‘SON’ métro.

IMG_0158 - copieMon autre pote Benoit, à quai, une fois !

IMG_0151 - copieUn théâtre au centre ville avec les fameux… embouteillages de Chicago !

IMG_0125 - copieLa House of Blues, on y mange presque gratis… Une longue histoire que je ne peux pas raconter ici.

IMG_0143 - copieUn autocollant qui figure sur les portes d’entrée de tous les magasins et restos de Chicago. Un flingue barré de rouge qui indique que vous ne pouvez pas rentrer ici avec une arme.

IMG_0129 - copieA l’intérieur, sans mon flingue donc. J’avais quand même mon deux coups avec moi. Des fois, c’est même un quatre coups les grands jours.

IMG_0122 - copieUn château d’eau en haut.

IMG_0114 - copieA droite les épis de maïs sont en partie des parkings.

IMG_0096 - copieEscalier de secours et fenêtre condamnées. Le métro aérien, le fameux Loop est tellement bruyant que les immeubles donnant sur lui condamnent leurs fenêtres, c’est invivable.

IMG_0091 - copieLe chiffre 21 me suit partout.

IMG_0039 - copieIls mangeaient sur un piano, pour moi ça veut dire beaucoup.

11247808_796515127132575_6711484746979885562_nA 443 mètres au dessus du vide. C’est le pied !

IMG_0057 - copieDernièrement, des politiques en Belgique avaient émis l’idée d’ouvrir des églises pour accueillir des réfugiés syriens. Un homme d’église belge avait réagi aussi sec pour dire que les maisons de Dieu n’étaient pas faites pour cela. La tolérance de ces intolérants en soutane a une limite ! Pourtant, il me semblait que la maison de Dieu était là justement pour les malheureux, apparemment non, un bon gros doigt dans le culte alors.

La photo que vous voyez ci-dessus, je l’ai prise à l’intérieur d’une église du downtown de Chicago, dedans il y avait une bonne dizaine de SDF sur les bancs, ils dormaient. A l’entrée un panneau indiquait qu’ils étaient les bienvenues et que l’église était faite pour eux. Enfin une parole religieuse divinement sympathique.

IMG_0278 - copiePresque le bar de Moe… à Pontiac Illinois.

IMG_0280 - copieLa grande Arche à Saint Louis, elle symbolise le milieu des Etats-Unis, le passage entre l’Est et L’Ouest. Ici, nous quittons la célèbre Route 66.

IMG_0811 - copieUn ventilateur géant, là-bas aux Amériques ! Il faisait 40°C à l’ombre…quand il y avait de l’ombre.

IMG_0532 - copieBentonia, Mississippi, une petite toute petite ville, comme abandonnée par la félicité.

IMG_0531 - copieLe chateau d’eau et la maison en bois ! (Tu saisis le jeu de mot ?)

IMG_0507 - copieSur ce banc, il y a 112 ans, le blues est né à Tutwiler, Mississippi.

IMG_0503 - copieUn hôtel pas comme les autres à Clarksdale

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L’intérieur de l’hôtel.

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Le fameux Crossroads à Clarksdale. Là où le diable a appris à Robert Johnson le don de le guitare.

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Un « monsieur », sur un canapé dans une rue de Clarksdale. Il nous a chanté du gospel et du blues, seul sur son canap’. Il nous a dit aussi comment Obama avait abandonné les noirs pour sauver les banques… A sa manière il nous a expliqué un certain déclin de cette Amérique.

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Les 5 photos précédentes ont été prises à Memphis. Des friches industrielles, ici et là, en fait partout !

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Sur les trois photos précédentes on voit l’intérieur et l’extérieur de Graceland, la bicoque à Elvis Presley.

IMG_0370 - copie IMG_0347 - copie IMG_0339 - copieAvec mon pote Thierry Hasard, animateur de radio à Tahiti. Et dire qu’il y a longtemps, très longtemps dans une lointaine galaxie, nous avons commencé à faire de la radio ensemble. Ici avec le micro dans lequel Elvis a enregistré That’s all right mama.
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Depuis près de trois décennies, elle campe toute la journée sur le trottoir face au Lorraine motel pour qu’il cesse d’être un musée et devienne un centre pour les pauvres.

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Lorraine motel, là où le 4 avril 1968 Martin Luther King a été assassiné.

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Sur le Mississippi.

 

 

 

 

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Il y a du monde au balcon sur Bourbon Street.

IMG_0743 - copieEt…sous le balcon… sous les paillettes, le décor est fissuré. « Putain ça penche, on voit le vide à travers les planches, » comme le chante Souchon.

Et voici quelques autres photos, à vous d’y mettre les légendes que vous voulez…

IMG_0748 - copieIMG_0745 - copieIMG_0723 - copieIMG_0722 - copieIMG_0709 - copieIMG_0697 - copieIMG_0690 - copie
IMG_0666 - copieIMG_0648 - copieIMG_0641 - copieIMG_0636 - copieIMG_0624 - copieIMG_0619 - copieIMG_0616 - copieIMG_0608 - copieIMG_0598 - copieIMG_0589 - copieIMG_0586 - copieIMG_0576 - copieIMG_0558 - copieIMG_0549 - copie

 

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Route du Blues, 10 éme jour. Pas à côté des machines à sous !

Avant dernier épisode du Roadtrip avec mon ‘Club des 5’ cet été sur la Route du Blues. Entre Chicago et New Orleans. Le dernier épisode sera constitué d’un maximum de photos.

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Salut,

Un homme, ça ne pleure pas !

Le poids culturel pèse sur les hommes dans l’expression de leurs émotions. Je suis à l’hôtel, quelque part dans New Orleans. Seul. Dernier soir du voyage avant le grand trip du retour pour ramener la voiture à Chicago demain soir. Ce sera 1600 kilomètres non stop à 55 miles à l’heure…ça va être long. Mais ne remettons pas à deux mains, ce qu’on peut faire d’une seule main ! 

Il suffirait que je remette mes chaussures et en 5 minutes je me retrouverais dans le French Quarter, là où il y a la fête jour et nuit. Cette après-midi, on a bourlingué dans ce quartier, la musique était déjà partout. Je me suis arrêté dans un club où un band jouait du country rock. Pourtant le son n’était pas très bon, le jeu de chacun des musiciens pas exceptionnel non plus, la rythmique était quant à elle accrocheuse. Du coup, de la rue, entendant l’ambiance j’ai eu envie d’entrer à l’intérieur. J’ai constaté alors que le chanteur était mauvais, certes il jouait bien de l’accordéon. Je suis tout de même resté un bon moment à les écouter et à participer à l’ambiance. Pourquoi ? A ce moment-là, sans le savoir encore, peut-être étais-je déjà seul au fond. 

Le Blues ! 

NO 1

Dans ce groupe, il y avait deux femmes, elles attiraient l’oeil non pas par leur physique, mais par leur joie de vivre.  Elles jouaient du washboard. A l’origine, cet objet était une planche à laver le linge, puis son usage a changé et c’est devenu un instrument rythmique que l’on ‘gratte’. Il y a deux ans, au même endroit, il y avait un autre groupe du même genre. A l’époque, dans le band il y avait une fille d’une beauté à vous faire sortir les yeux des orbites, à vous faire tirer une langue de 30 mètres à la façon des personnages de Tex Avery. En fait, elle n’était pas jolie, elle était bien mieux que ça, elle illuminait le lieu. Elle jouait du washboard également. Tous les musiciens autour d’elle avaient la bonne cinquantaine, tous blancs. Elle était noire, moins de 30 ans. Que faisait-elle là ? Non pas qu’elle n’avait pas sa place dans ce groupe, mais ce sont plutôt les autres qui étaient de trop. Elle avait bien trop de talent pour se gâcher avec des musiciens en carton.

NO 7 La musique est partout dans cette ville usée et ouverte « comme une vieille pute. » (Arno) Dans la journée, mon Club des Cinq (que vous connaitrez dans le prochain et dernier épisode) a trainé un peu partout dans le centre. A pied ! On voit bien mieux à pied. Du côté du Parc Louis Armstrong, dans le French Quarter, dans des petites rues que les touristes ne fréquentent pas. Soudain, j’entends de la musique, genre big band, derrière un bosquet. 

NO 9

Oh when the saints go marching in
When the saints go marching in. 

Des musiciens, tous jeunes, un big band, comme dans les films. Une certaine magie s’en est dégagée, nous sommes restés plus d’une heure à regarder et écouter. Sans parler. Certainement que chacun d’entre nous pensait déjà aux adieux. Un Road Trip depuis Chicago au cours duquel, on a eu plein de galères, mais des souvenirs pour toute une vie aussi. Thierry a repris un Jack pour se remonter le moral, Benoit s’est arrêté dans une échoppe spécialisée dans le café. Il a pris un petit noir corsé. Il y avait seulement trois gouttes au fond de la tasse mais ça aurait fait bander un eunuque tellement c’était fort. Je n’ai d’ailleurs réussi à n’en boire qu’une, de goutte. Trop fort pour moi, mais rien à foutre, je ne suis pas eunuque ! 

NO 2

Et moi, je chantais Oh when the saints go marching in… 

Comme il faisait 38°C, on s’est encore arrêté dans un bar, juste en face du Parc Armstrong, un peu à l’écart du tumulte du centre ville. On a vécu un moment surréaliste pour des Européens. On s’est installé au bar, commandé à boire, discuté avec la serveuse puis… au bout de cinq bonnes minutes, un mec, son patron (?) lui a dit un truc à l’oreille. Elle s’est adressé à nous pour nous demander de prendre nos verres et d’aller les finir dans une arrière salle sur une table bancale. Dans le bar, il y avait trois machines à sous. Et ça c’est mal. Deux d’entre nous sont mineurs et il est impossible d’avoir des mineurs dans une pièce qui contient des machines à sous. Oh my God ! Par contre, il peut y avoir des travlos très provocants dans les rues, des mecs avec des flingues ou des prostitués à moitié nues sur les balcons, ça, ça n’est pas un problème pour les mineurs. Oh my gode !

NO 5

NO 8

Tout le paradoxe de ce pays, à l’apparence si semblable aux nôtres, mais pourtant tellement différent dans son fonctionnement. 

Ce soir, seul, je vous écris depuis une chambre d’hôtel. Sur un roadbook, près de moi, il est mentionné Route du … Blues ! Je comprends. Il est temps alors d’écrire le dernier mot, en anglais cela va de soit : The End ! 

Eric Laforge

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Route du Blues, 9ème jour. La Vieille Orléans !

Je vous raconte ici chaque jour, une des 11 étapes de mon voyage avec mon ‘Club des 5’ cet été sur la Route du Blues. Entre Chicago et New Orleans. Le dernier épisode (11éme) sera constitué d’un maximum de photos. 

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Salutations,

Alors nous sommes à La Nouvelle Orléans. Une ville tellement courbaturée par la pauvreté, maltraitée par Katrina en 2004, déglinguée par l’abandon, gâtée par le temps. Cette ville est vieille, vieillit prématurément par manque d’entretien. La violence y règne en maître comme dans un film d’anticipation. 

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IMG_0666Anyway, j’ai sorti deux ou trois fringues qui vont me transformer en prince du macadam, direction Bourbon Street, de jour. C’est la rue de tous les clubs. En fait non, c’est la rue où ça vomit et pisse partout, ça pue la gerbe. C’est la rue que les dépliants touristiques vous disent d’aller voir. Des dépliants qui ont dû être écrits il y a quarante ans. Sur une trentaine de clubs de musique, beaucoup proposent du karaoké. Dans quelques uns c’est du twerk, les clientes sont invitées à monter en groupe sur la scène, elles tournent le dos au public et remuent leur fessier en rythme.  Je rentre dans un de ces clubs, je regarde les fessiers… hum… well… je comprends que ça vomisse partout dans la rue.
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Du twerk, dans la rue.

Dans Bourbon Street, je trouve seulement deux clubs qui jouent la musique qui a fait la réputation de l’endroit, à savoir le jazz et accessoirement le blues. Un mec sympa aborde mon fils resté devant un de ces clubs (interdit de rentrer avant 21 ans) et lui dit : « Man, si tu veux de la bonne musique, la vraie, tu vas dans la rue là-bas, celle qui est parallèle à Bourbon Street, c’est Royale Street, où celle d’après c’est Jackson Square. Tu entendras des Big Band et des vrais musiciens. » On y est allé, en effet c’est bien mieux. Les mecs qui font les dépliants touristiques n’ont pas dû aller jusque là. 

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On est quand même revenu dans Bourbon Street plus tard, pour voir le côté ‘faune ». Un travesti me regarde parce que je le prends en photo, il me fusille du regard. Je comprends bien qu’il voudrait que je lui file du pognon pour prendre un cliché. Comme je ne bouge pas le petit doigt vers mon porte monnaie, il me montre son gros doigt. Un signe majeur d’hostilité. Aux balcons, les filles d’une boîte de strip montre une partie de la marchandise. Même sanction, l’une d’elle me fait un doigt. Ou alors, c’est pour me faire comprendre qu’elle veut que j’utilise mes doigts ? Vas savoir. 

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Au milieu de tout ça, de temps en temps, je croise un prêcheur qui essaie de ramener les pêcheurs que nous sommes dans le bon chemin. Pas envie de ses conseils de sagesse de supermarché et de son pseudo sourire inquisiteur. Je crois que cette fois c’est moi qui vais sortir mon doigt pour… appuyer sur le déclencheur de mon appareil photo. Histoire d’immortaliser la vertu au milieu des transgressions, l’hypocrisie moralisatrice. -Hey man le mot god s’écrit avec un ‘e’ à la fin par ici !IMG_7048C’est marrant les touristes en groupe. Vous êtes sur le trottoir opposé, vous gueulez « Hey Guys, smile  ! » et ils se retournent tous en souriant. Alors en photographiant, je souris aussi. je dois également être un touriste un peu con…

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IMG_0634Le Mississippi avec une miss happy.

Le soir est tombé sur New Orleans, il est 1h49,  Thierry, de mon club des Cinq ( je vous présente le groupe lors du dernier épisode), est à court de Jack Daniels, c’est donc le moment de rentrer. Je file adopter la position horizontale. Un dernier jour demain dans cette ville, La Grosse Facile (voir épisode 8 pour comprendre) J’espère que vous allez bien. 

Eric Laforge

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Route du Blues, 8éme jour. La grosse facile !

Je vous raconte ici chaque jour, une des 12 étapes de mon voyage avec mon ‘Club des 5’ cet été sur la Route du Blues. Entre Chicago et New Orleans. Le dernier épisode (11éme) sera constitué d’un maximum de photos. 

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ATTENTION : Le titre ‘La grosse facile’ n’évoque pas une fille à l’embonpoint certain et aux moeurs légères. J’en connais, mais il ne s’agit pas de ça. Je vous révèle le sens de ce titre dans le texte.

Sur cette route sans fin, on a fait un arrêt à Bentonia. Un village en dehors du monde. De pauvres gens y vivent en survivant. Ici, je voulais montrer à mes amis du club des 5 le Blue Front Café, un juke joint. Un endroit en pleine campagne où les bluesmen, dans la première partie du 20éme siècle venait jouer de la zique avec simplement une gratte. Très pittoresque. Il ne reste plus beaucoup d’authentiques Juke Joint dans les campagnes. Les organismes pour la santé publique et la sécurité publique les ont fait fermer les uns après les autres.

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Ensuite on a repris la route, on a tracé autant qu’on le pouvait. Jusqu’à ce nos estomacs nous fassent savoir qu’il était l’heure de grailler. Il est 15h, tu m’étonnes. « –Une vieille pizzeria pourrie là regarde sur le bord de la route ! » dis l’un de nous. On s’est arrêté, sans savoir que le patron-serveur-pizzaiolo était Droopy. Il avait une gueule de croque mort et était aussi souriant qu’une porte de prison. On a quand même mangé une pizza, sans gout, mais bon ça remplit. J’ai assisté à une scène étrange dans cet endroit étrange. Une femme, noire, visiblement pas très aisée est entrée, n’a rien commandé, s’est assise. Trois ouvriers, noirs, sont arrivés dans un gros pick-up. Ils ont commandé des big size pizzas, à la fin il en restait dans leurs cartons. L’un d’eux est allé voir la femme, il s’est penché vers elle, sans rien lui dire, simplement en montrant les restes du doigt. Ils sont partis. Elle s’est levée, a ramassé les morceaux, les a mis dans un carton et est sortie. Etrange. 


R4 « -Bon, allez les mecs, on reprend la route, non stop jusque New Orleans. S’il y en a un qui veut pisser, c’est maintenant. » Romain est donc allé aux toilettes, on ne sait jamais des fois qu’il y ait du fric par terre. A Chicago il a trouvé deux fois du fric dans les toilettes, plus de 40 dollars au total. Au retour du cabinet d’aisance, il s’est fait draguer par une mère de famille, la bonne quarantaine, qui lui a donné une adresse de resto-club à New Orleans. Bah voyons ! 

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Bon, on trace. On a traversé la lac Ponchardin, un pont de 30 kms, Impressionnant. On roule sur l’eau, nous sommes les Jesus du macadam ! Nous poursuivons notre Route du Blues à la recherche de réseaux wifi (Romain) et de musiciens ici ou là dans des clubs. Des gens avec qui parler de l’évolution, des influences, de ce qu’il reste de l’héritage. Bref, faire des rencontres. Depuis notre arrivée sur le territoire américain, la musique a été notre compagne de route. D’abord à Chicago avec le Blues électrique. Puis Memphis avec le club de BB King sur Beale Street, ensuite l’endroit où est né le Rock n Roll aux studios Sun. Puis nous sommes allés à Clarksdale, là où le Blues est né avec les pionniers, ceux qui jouaient il y a un siècle. 

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Depuis aujourd’hui nous sommes à New Orleans, toujours le Blues, mais aussi le jazz bien entendu. Il est né ici, vers 1910, un siècle ! A l’époque on ne parlait pas de brassage de cultures, mais c’est pourtant ce qu’a fait le jazz en absorbant les tambours africains, les sonorités antillaises, la chanson espagnole, la contredanse française, les marches militaires, le blues, les spirituals. Je m’arrête là parce que je pourrais citer à peu près tout ce qui existait à cette époque. 

Je regarde un bateau passer sur le Mississippi et je me dis que si j’ai de la chance je croiserais peut-être Fats Domino ou les fantômes de Sydney Bechet et Louis Armstrong pendant mon séjour. Ils sont tous nés ici. A propos de Fats Domino, en 2005 lors du passage de l’ouragan Katrina, le vieux chanteur et pianiste de rock avait été porté disparu plus de 5 jours. Jusqu’à ce qu’il soit aperçu sur une embarcation de secours. Quand il était jeune, ici on ne travaillait pas dans les champs de coton, comme les bluesmen un peu plus au Nord, mais dans les champs de cannes à sucre. Même maltraitance. Ces gens ont eu des vies misérables, certains ont réussi à déjouer les obstacles pour devenir des hommes respectés par tous, y compris par leurs anciens oppresseurs. Le vrai prénom de Domino était Antoine. Mais grâce à ses talents de pianiste, il a vite été surnommé Fats, en référence notamment à sa taille imposante.

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Thierry, l’un des 5 de la bande. Lui, est animateur sur la plus grosse radio de Tahiti. On le voit ici en train de barboter avec ses jouets de piscine à New Orleans.

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A propos de gros, il est temps que je vous dise pourquoi le titre de cet article est : La grosse facile. C’est simplement le surnom de New Orleans.

1h du matin, je me change (mes fringues sentent le homard) pour aller au French Quarter, la vie nocturne est là. J’espère que vous allez bien. A demain, même endroit. 

Eric Laforge

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Route du Blues, 7éme jour. le diable accorde une guitare !

Je vous raconte ici chaque jour, une des étapes de mon voyage avec mon ‘Club des 5’ cet été sur la Route du Blues. Entre Chicago et New Orleans. Le dernier épisode sera constitué d’un maximum de photos. 

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Hi Guys !

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– Le fameux Crossroads –

Ici se croisent la 49 et la 61, il y a quatre-vingts ans ce n’étaient que des vulgaires chemins de cambrousse. Un soir des années 30, Robert Johnson, vénéré par Eric Clapton et Keith Richards entre autres, s’est retrouvé à ce croisement où il a fait une drôle de rencontre, le diable. Le diable lui aurait appris à jouer de la guitare en échange de son âme. Il faut savoir que cette histoire doit être grave trempée dans l’absinthe. Mais il n’en demeure pas moins un fait : avant ça, Robert Johnson était moqué de tous ses potes parce qu’il ne savait pas du tout jouer de la gratte, il en a eu marre, il a disparu de la circulation pendant un an et à son retour il savait jouer comme personne. Même Clapton qui s’y connait un peu en grattouille pense que Johnson est le meilleur de tous les guitaristes. C’est dire. D’où cette légende avec le diable, il fallait bien trouver une raison à ce génie subit. 

Satan m’habite ! BLUES 5BLUES 4

Allez, je continue la route au Sud vers Indianola, à l’écoute de cette musique du diable. Un soir à Chicago, il y a deux ans, un vieux type édenté m’avait expliqué pourquoi le Blues est la musique du diable. « Dans le gospel on chante … Oh my Lord ! (Oh mon seigneur) alors que dans le Blues on dit … Oh my Baby ! (Oh ma chérie) » m’expliquait-il. L’amour serait donc démoniaque !

BLUES 6– Entre deux swamp, des marécages, nous sommes arrivés à Indianola. –

« BB King is my hero ! » said God. Le dieu qui a dit ça est celui dont on voyait le nom inscrit sur les murs de Londres dans les sixties. Un certain Eric Clapton, encore lui. Il faut dire que BB King est considéré par Rolling Stone Magazine comme le 3 éme meilleur guitariste de tous les temps. C’est un détail, mais cet homme est surtout un homme bon et pas seulement à la guitare. On le voit à son visage et à son comportement dans les films qui sont présentés ici au musée de Indianola. On l’a visité en allant vers New Orleans. Ce musée est juste incontournable. 

Mais avant ça, en quittant Clarksdale ce matin on a fait un bref arrêt à Tutwiler. Un village improbable et complètement désolé au bord d’une voie de chemin de fer. J’ai fait faire le détour à mon Club des 5 pour leur montrer… un panneau ! Un panneau historique.

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Il symbolise l’endroit exact où le Blues a été transcrit sur papier pour la première fois, en 1903. C’était un certain WC Handy, musicien, qui attendait son train dans cette campagne désolée. Derrière lui, dans un champ de coton, un demi esclave jouait du Blues avec une slide guitare. Handy qui entendait ça a retranscrit la musique sur une partition, c’est la première fois que le Blues était écrit. C’est pour ça que ce bon WC Handy est considéré comme le Father of the Blues. 

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A Indianola, on vient de trouver un motel avec enseigne lumineuse blafarde qui grésille et clignote bizarrement. Comme dans les films d’horreur. Dans la voiture avant d’arriver, on s’était justement imaginer une situation de ce genre. J’espère qu’on ne va pas se faire descendre pendant la nuit, le coin a l’air malfamé.

On décide avant toute chose de nous faire un restaurant mexicain. En arrivant dans le resto, je dis à la jolie serveuse : Hola, eres una chica guapa ! Elle n’a pas compris… Un resto mexicain où on ne parle pas espagnol… Mouais ! 

On a bien mangé quand même. Il est minuit, un dernier Jack pour Thierry. Ici Indianola, j’espère que vous allez bien. A demain sur la Route de New Orleans. 

Eric Laforge

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Route du Blues, 6éme jour. L’amour, ah l’amour !

Je vous raconte ici chaque jour, une des étapes de mon voyage avec mon ‘Club des 5’ cet été sur la Route du Blues. Entre Chicago et New Orleans. Le dernier épisode sera constitué d’un maximum de photos.

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Hello everybody,

Une maison en bois, un siège à bascule et une avancée du toit pour m’abriter du vent et de la pluie, voici l’endroit dans lequel je suis installé pour vous écrire aujourd’hui. Comme un vieux bluesman. Il est très tard.

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Nous sommes ici avec mon Club des 5. Ou ça ici ? Dans un endroit qui ne doit pas être loin du bout du monde. C’est un hôtel, mais un hôtel comme vous n’en avez jamais vu. Comme il n’en existe simplement pas d’autre.

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L’entrée de l’hôtel.

Dans l’après-midi, mon GPS m’avait perdu devant le bâtiment, situé dans un terrain vague. J’avais fait demi-tour croyant m’être trompé, croyant qu’il s’agissait d’une friche industrielle. Ici à Clarksdale, il n’y a quasiment plus que ça, des friches, deux constructions sur quatre sont abandonnées. L’activité s’échappe petit à petit d’ici. Et donc, la vie. La ville meurt, les habitants survivent. La réceptionniste de cet hôtel particulièrement destroy est québécoise. Je lui ai demandé de me parler de la ville :

– Est-ce que ce n’est pas déprimant de vivre et de travailler ici, alors que la ville est à moitié à l’abandon ?

– Si un peu, je suis là depuis six mois, les industries qui sont parties et la crise ont fait ce champ de ruines. Je suis venue ici pour mon mari qui est en Australie.

Je sais, vous vous demandez aussi quel est le rapport, je n’en sais rien. Mais l’amour ne s’explique pas, il se vit, comme le blues. Elle aime vraiment alors elle donne… elle donne son amour. Elle est jolie, a de beaux yeux, c’est surréaliste de voir cette fille sublime et souriante dans cette ville qui est désormais tellement à l’opposé d’un sourire de jolie femme. Un peu comme si la serveuse du Bagdad Café avait été Scarlett Johansson.

Avant d’arriver ici, en partant de Memphis ce matin, nous sommes passé devant l’hôtel où a été assassiné Martin Luther King. Tout a été conservé dans l’état du jour du drame, sa voiture est toujours sur le parking. En face, une femme était là sous des bâches et des cartons… depuis près de trente ans !

2Elle proteste contre le fait que le bâtiment soit devenu de fait un monument, alors qu’il devrait être destiné à devenir un centre pour les pauvres. C’est ce qu’elle m’a expliqué. Cela fait longtemps qu’elle est sur ce trottoir pour ce combat qui semble bien vain. Là non plus, ça ne s’explique pas.

Je suis dans un monde tellement différent de celui que nous connaissons, les repères ne sont plus les mêmes. Comme une impression de basculer, je n’ai pas la musique, mais j’ai les mots pour vous raconter cette détresse, même sans la guitare, cela s’appelle du Blues. Ici à Clarksdale, nous sommes là où tout a commencé pour le Blues. Des noirs extrêmement pauvres racontaient leur condition misérable en chanson. Finalement rien n’a changé. Aujourd’hui, nous sommes passés des paillettes de Graceland, maison d’Elvis, que nous avons visitée en début d’après midi aux canapés éventrés des trottoirs de Clarksdale. Gosh !

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Graceland ! Chez Elvis.

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C

Ground Zero, le club de Morgan Freeman, l’entrée avec Mike sur le vieux canapé. Et les chiottes à l’intérieur. -T’es certain que t’as envie ?

Sur la terrasse défoncée de Ground Zero au milieu d’une ville complètement abandonnée, il y avait, quand nous sommes arrivés,ce vieux monsieur. Il faisait 43°C, c’était irrespirable. Mike, le vieux en question, a commencé à nous chanter spontanément trois gospels et trois traditionnels du Blues. Tout seul sur ce canapé déguelasse. Je dis vieux, parce qu’à le regarder, il n’avait pas d’âge. En fait quand je lui ai demandé, je m’attendais à ce qu’il me dise « Eighty five man ! »

Il m’a répondu « Fifty eight ! » 58 ans… Sa mère l’insultait quand il était petit, il n’a pas connu son père, il a fait un peu de prison, il nous racontait que Obama avait beaucoup fait pour les banques, et rien pour les noirs pauvres comme lui. Le temps coule pas de la même façon et les rides se marquent davantage au cours d’une vie comme celle-ci. Une vie qui n’a jamais été illuminée par des sourires.

Ce soir donc, j’avais besoin de me poser sur cette terrasse pour penser à ce que j’ai vu aujourd’hui. J’ai vu l’Amérique dont les dépliants publicitaires ne parlent pas. L’Amérique de la face B du 45 tours, l’Amérique du ‘non-american-dream’. C’est la nuit, il est 2h du matin, je suis toujours sur ce fauteuil à bascule. Le ciel est dégagé, je regarde les étoiles, l’une d’elles brille plus que les autres, je me demande si ça n’est pas un clin d’œil que me fait Robert Johnson. Le ‘crossroad’ où il aurait vendu son âme au diable au début du XXéme siècle est en effet à 500 mètres d’ici. Je vous raconterai cette histoire incroyable demain.

Etrange sentiment. J’espère que vous allez bien. A demain, même heure même endroit, je serai encore à Clarksdale, Mississippi.

Eric Laforge

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Route du Blues, 5éme jour. Tous les néons fonctionnent !

Je vous raconte ici chaque jour, une des étapes de mon voyage avec mon ‘Club des 5’ cet été sur la Route du Blues. Entre Chicago et New Orleans. Le onzième épisode sera constitué d’un maximum de photos.

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Hello Everybody,

Memphis, la ville ou est né le rock.

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Chez Gibson.

Ce matin on a visité l’usine Gibson, là où sont fabriquées les guitares. Ça ne m’a pas plus intéressé que ça. Univers très bruyant et poussiéreux, ça m’a même ennuyé pour tout dire.

La rumeur a couru la ville de Memphis toute la journée. Quelle rumeur ? Jerry Lee Lewis jouerait ce soir dans son club. Avant de vous dire s’il est venu, je vous raconte ce qui s’est passé ici.

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Benoit devant Le lorraine Hotel. Là où a été assassiné

Matin Luther King

C’était tout simplement fou. Ce matin, visite de Sun Studios, puis visite de Stax où « tous les néons fonctionnent » (Private joke). Les studios Sun étaient particulièrement émouvants à explorer. C’est ici que le rock est né. Le mot est souvent galvaudé, mais on peut parler de lieu historique. Ici a été enregistré Rocket 88, considéré comme le premier morceau de rock jamais enregistré.

Puis, un certain Elvis Presley est passé ici. Il venait enregistrer un morceau pour sa maman, simplement ça. Il a été rappelé quelques temps plus tard pour faire d’autres enregistrements qui n’ont d’ailleurs pas été concluants. 10 au total. En fin de séance, Sam Philips qui s’occupait de capter la voix du futur King et qui n’était toujours pas convaincu du potentiel d’Elvis lui a alors demandé de chanter un titre assez populaire à l’époque. That’s all right mama. Et là, le choc pour tout le monde, la révélation absolue.

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L’enseigne de SunStudios

Le rock allait désormais prendre son envol et devenir universel. Mieux que ça, le rock a changé les mœurs, a changé la société. Quand je vous disais que c’était historique. Dans le studio Sun, qui a été gardé dans son jus comme disent les collectionneurs, il y a une croix noire au sol. Vous avez une idée de ce qu’elle symbolise j’imagine ? C’est en effet à cet emplacement exact que se tenait Elvis le jour de cet enregistrement. La version de That’s allright mama que vous entendez encore en aujourd’hui sur un grand nombre de radios dans le monde est celle enregistrée ce 5 juillet 1954 à cet endroit.. Les Premières Fois peuvent être parfaites !

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Sur la croix noire avec le vrai Thierry Hazard (à droite) !

Le rock est né à Memphis et je suis sur ses traces. J’ai du mal à réaliser que je suis à l’endroit où s’est créé ce qui a orienté une bonne partie de ma vie. il est 1h du matin, je suis dans un bar de Beale Street. Je viens d’aller écouter un groupe de Blues, puis, je me suis dit qu’il fallait une suite logique à cette soirée, à savoir écouter du rock après le blues. Bah oui, Muddy Waters l’a dit : « Le blues a eu un enfant, il s’appelle le Rock. » Un sale gosse, turbulent, bruyant et indiscipliné.

Memphis 5Walking in Memphis !

Alors, je suis resté dans la même rue, mais 300 mètres plus bas. Avec mon Club des 5 on a bourlingué notre carcasse dans le club de Jerry Lee Lewis, comme hier, pour voir si la rumeur de la journée était fondée. The Killer n’a pas montré l’ombre de ses Great Balls of fire.

Sur ce, c’est le soir tard, tellement tard qu’on appelle ça le matin, le petit matin. Je suis au numéro 52 de Beale Street dans un Juke Joint plein de bruit, pardonnez-moi, mais je suis HS, je vais me coucher. Demain on part, direction Clarksdale, je vous raconterai certainement l’anecdote la plus savoureuse du monde de la musique.

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Route du Blues, 4éme jour. Un hôtel dangereux !

Je vous raconte ici chaque jour, une des étapes de mon voyage avec mon ‘Club des 5’ cet été sur la Route du Blues. Entre Chicago et New Orleans. Le dernier épisode sera constitué d’un maximum de photos.

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Salutations,

Après avoir quitté ce matin Saint Louis sous un soleil de plomb et 40 ° à l’ombre (le problème est qu’il n’y avait pas d’ombre) on a tracé vers Memphis. Avant d’entrer dans la ville, on s’est arrêté dans un motel de la banlieue. On voulait une chambre à l’arrière du bâtiment pour éviter les bruits de l’autoroute, mais le mec au guichet nous a clairement déconseillé ça. Trop risqué l’arrière du motel. Nous arrivons dans l’une des villes les plus dangereuse des Etats Unis. La pauvreté et la misère palpables partout n’y sont pas pour rien.

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Anyway ! Donc, je suis à Memphis. Dans la journée, un trip très agréable de 500 kms pour y arriver  avec des bleds totalement improbables, comme Centerville dans le Missouri. 191 habitants étalés sur environ 3 kilomètres de longueur, c’est vous dire l’ambiance de malades qui règne au downtown ! Un downtown qui se résume à un hôtel de ville abandonné, et juste en face, un boui-boui tout droit sorti d’un film. La serveuse est accueillante, les deux clients non. L’homme nous avait déjà regardés d’un œil suspicieux à notre arrivée. Le type est en partie édenté, cheveux très longs, grisonnants et plutôt sales. Genre : J’ai pris un bain il y a deux ans… dans la rivière !

Rassasiés, nous reprenons la route vers Memphis avec une certaine nonchalance due à ce soleil de juillet bien chaud. Les miles défilent les uns après les autres sans qu’on y voit autre chose que la satisfaction prochaine d’arriver à Memphis.

Enfin Memphis, comme je connais les lieux, j’emmène mes potos du Club des 5 à Beale Street, c’est une rue à touristes, mais c’est incontournable. Ce soir on se fait une sortie au club de BB King, juste au coin de la rue face au plus nul des Hard Rock Café du monde. Chez BB King, un concert avec une ambiance de feu, le groupe qu’on y voit est le meilleur band de tout ce voyage, génial vraiment, le repas est divin et le prix… Le prix ? Euh, fallait payer ?

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Plus loin, il y a un club ou les filles, des clientes, viennent s’éclater en dansant sur le bar. Elles se donnent en spectacle… Un moment de gloire est si vite arrivé. Le petit plus est qu’à un moment, certaines enlèvent leur soutien gorge qui finit accroché derrière le bar. Il y en a des milliers.

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Pour se finir au whisky nous allons au club de Jerry Lee Lewis, un peu plus loin dans la rue. Là aussi, un groupe joue en live, c’est de la balle. Le même que j’avais vu ici il y a deux ans. Le même mec qui chante comme Lewis. Et comme le Killer, il fout réellement le feu à son piano. A côté de moi une blonde est assise, elle a le feu aussi. Bon, on va aller se coucher dans le motel, en espérant être encore vivants demain et que la bagnole soit toujours là.

Je suis devant le numéro 10 de Beale Street, à lundi pour la suite du voyage !

Eric Laforge

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Route du Blues, 3 éme jour ! La frayeur…

Je vous raconte ici chaque jour une des étapes de mon voyage avec mon ‘Club des 5’ cet été sur la Route du Blues. Entre Chicago et New Orleans.

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Salutations,

Les grattes ciel de Chicago ont brillé avec le soleil matinal, puis ils se sont éloignés et ont fini par disparaître dans le rétro.

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Un réverbère qui voulait être aussi grand que les grattes-ciel.

Pour tout vous avouer, ça m’a foutu le blues de quitter cette ville attachante. Avant de tracer, on est allé hier soir à la House of Blues, temple du Blues ici à Chicago.

J’étais un peu lessivé, la nuit précédente je l’ai passée au téléphone avec ma banque en Europe pour une histoire de carte Visa bloquée. 5 heures au téléphone pour arriver à joindre une personne  à 6h du mat’ que j’ai fini par insulter. J’avais les nerfs. La House Of Blues a été un grand moment de musique avec un Band génial, le bon Blues électrique (je vous explique plus bas). Une ambiance feutrée et dynamique à la fois, c’est incomparable à vivre. Après la House of Blues, on a attendu 2 heures un taxi qui nous a amené à l’hôtel. On pensait enfin s’y reposer, c’était sans compter sur la demeurée à l’accueil qui a mis 45 minutes pour nous dire combien et comment payer. Au bout de 35 minutes, n’en pouvant plus déjà de ma nuit blanche précédente je lui ai fait le calcul moi-même, elle m’a envoyé chier en me disant : « You do your maths, i do my maths ! »

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Regardez attentivement l’autocollant sur la porte. Il indique comme pour tous les commerces de la ville, qu’il est interdit d’y entrer avec un flingue !

Ce matin en partant de ce foutu hôtel, on pensait laisser les soucis derrière nous, c’était sans compter avec le loueur de voitures. 3 heures pour récupérer une caisse dont le prix initial était de 550 dollars… on a finalement payé 1700 dollars. Gosh ! Une voiture trop petite pour nos 5 valises, ça promet pour les 1600 kilomètres qu’on a à faire. Mais ce n’est pas grave, entre potes, je sens qu’on va se marrer.

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Chicago va me manquer, j’adore cette ville. Il y a 80 ans, d’autres que nous commençaient à arriver ici en quittant le peu qu’ils possédaient dans le Sud, ils apportaient le… Blues rural (acoustique) qui s’est peu à peu électrifié ici même. De rural, le Blues est alors devenu urbain, moins rugueux, moins frustre, plus sophistiqué. Le Blues des touts débuts avec une simple guitare s’est enrichi de nombreux instruments, dont la batterie. Je vous disais que nous avions quitté Chicago, mais pour aller où ? Direction St Louis par la Route 66 avec un arrêt à Pontiac, petite ville dont les murs et certains trottoirs sont couverts de fresques.

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A chaque chemin j’imaginais croiser le fantôme de Robert Johnson. Ah oui, ça me rappelle que je ne vous ai pas encore parlé de son âme et surtout de son mystérieux 30 éme morceau de musique. Mais je vous en dirai plus dans quelques jours, lors d’un prochain épisode. En descendant la Route 66 historique, j’imaginais aussi croiser sur le bord de la route, quelques bluesmen avec la guitare sur le dos allant chercher fortune à Chicago ou Detroit. Fort improbable… Pourtant, je les ai vus, que serait la vie sans le pouvoir de l’imagination ?

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Quelque part dans l’Amérique profonde.

En sortant de Pontiac, le ciel devient subitement sombre puis noir, puis la fin du monde. Nous sommes obligés de quitter la Route 66 à cause de travaux, on se retrouve sur un chemin de campagne entre des champs en dévers. Il pleut à torrent, tellement d’eau que le bas de caisse de la voiture fait ventouse. On n’en mène pas large, pas moyen de retrouver une route praticable alors qu’il fait quasi nuit. On sent la tension dans la bagnole… mais puisque je suis là pour vous raconter, vous vous en doutez, nous ne sommes pas tous morts.

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L’Arche de St Louis, dans le dernier épisode de ce voyage, je vous raconterai ce qu’elle signifie.

Après ces péripéties, nous avons filé à toute allure vers St Louis. A toute allure signifie à 50 miles par heure. Avec des dizaines d’orages tout autour de nous et pendant près de 2 heures, c’était incroyable. C’était magnifique. Pas de musique au programme ce soir à St Louis, on se fait un motel dans une zone industrielle un peu lugubre. Thierry, le poto de Tahiti, cherche une machine à glaçons pour se faire un ‘Jack’, ça déstresse ! Les chambres sont à la limite de la propreté, mais rien à foutre on va bien dormir et on se rapproche petit à petit du Sud. Ça sent le coton, l’humidité,

Demain à la fin de la journée, on sera  à Memphis Tennessee. Avec un peu de chance, j’y verrais Elvis. Ah l’imagination !

Depuis un Motel dans une zone industrielle glauque. A demain !

Eric Laforge

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Route du Blues, 2ème jour !

Hello guys !

Chicago, nous y sommes encore avec mon Club des 5. Hier soir on a dormi à nouveau dans l’auberge de jeunesse, mais dans une autre chambre, ce qui a permis de vivre une scène assez cocasse. Un type est venu nous apporter un lit d’appoint puisqu’il n’y avait que 4 couchages dans la piaule. J’ai voulu le déplier moi-même mais il m’a fait comprendre qu’il fallait d’abord qu’il change les draps. J’ai alors dit, en français : « Ah oui, il doit y avoir un mec qui a dû chier dedans. » Et là, l’employé m’a répondu… « personne n’a chié dedans ! » Le fait qu’il nous surprenne en parlant français nous a tous fait éclater de rire comme des sales gamins.

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Les potos en train de geeker.

Cette ville ressemble à l’image que l’on connaît d’elle grâce aux séries et films. Mais bon, avant de vous raconter un peu Chicago, je vais répondre à la question que je posais hier à la fin de mon article. A savoir : Buddy Guy, légendaire bluesman de Louisiane, est-il finalement venu jouer sur la scène de son club le Legend’s alors que nous étions en train d’y boire un verre ?

Réponse : Non. Dans un premier temps, on s’est même fait virer du club. Dans les 5 que nous sommes, il y a deux ados et à 19h, ils leur est interdit d’être présents dans la salle.  A 18h59 c’est ok, à 19h, dehors ! Alors que dans la soirée il n’y a rien de différent, musique et restauration comme toute la journée. Vas comprendre. 

Avant de devoir partir, j’ai fait quelques photos dans le club jusqu’à ce qu’un molosse de 1,5m de large sur 1,8m de haut me demande d’arrêter en me montrant une affiche qui indiquait No Photos ! Il me parlait avec un ton qui ne souffre pas la contestation. – Hey mec tu connais pas mon parcours, laisse moi vivre ! Puis je me suis dit que ce ne serait pas le moment de lui dire ça, alors j’ai rangé mon appareil. En entrant j’avais juste vu un autocollant sur la porte, indiquant qu’il était interdit d’entrer avec un flingue. Du coup je pensais qu’un appareil photo c’était inoffensif… 

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Photo prise avant ma mort par étouffement !

Donc Buddy Guy n’a pas joué, mais il était présent ‘in da house’ parait-il. Nous, après avoir mangé des chips, oui des chips, on a continué à errer dans la ville, elle est géniale cette Windy City. Une architecture très disparate, mais tout est harmonieux. Le centre avec les buildings est impressionnant, entre nous on se disait sans cesse : – Putain les mecs, remplissez vous les yeux, on n’a pas de vue comme celle-ci dans nos villes !

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Concert gratuit en plein air.

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Le vrai Thierry Hazard ! Animateur de radio à Tahiti et mon pote depuis toujours

J’en ai profité pour m’adonner à mon jeu préféré lorsque je suis dans une grande ville que je ne connais pas : Marcher et me perdre. Puis m’assoir sur un bout de trottoir et regarder les gens vivre. A Chicago, on peut dire que l’automobiliste, qu’il soit homme ou femme est un cinglé du klaxon. Tout est prétexte à s’agiter frénétiquement sur son volant pour participer au concert. On est resté à un carrefour une bonne dizaine de minutes, ça klaxonnait au moins 30 fois par minute. A ce carrefour on y a vu un flic arrêter une automobiliste. Il est descendu de sa caisse avec un air patibulaire, une queue de cheval, des tatouages et des muscles qui sortaient de partout. Une fois le pv donné, il a laissé sa voiture en double file sur le grand boulevard pour aller se chercher un Big mac au Mc Do juste à côté. Tranquille le mec, il faisait chier tout le monde. Quand j’ai fait semblant de faire une photo, je me suis rendu compte que je n’avais pas intérêt à prendre une image, au risque d’avoir quelques sérieux soucis. Genre de mec qui descend un noir dans la rue et s’étonne même qu’on lui demande pourquoi ?

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In da Street !

Plus tard, en soirée, autre constatation de la rue alors que j’écrivais ces lignes, assis sur un rebord de vitrine en plein downtown, et bien les femmes sont majoritairement très élégantes. Des tenues de soirées, de jolies toilettes, à Chicago, il y a une certaine classe. Et une certaine désinvolture. Je vous raconte ce que je vois là : une femme sort d’un taxi avec son mari, ils sont beaux comme pour aller au mariage. Sur le trottoir, un marginal s’adresse à la femme, je n’entends pas ce qu’il lui dit. Elle fait demi tour, va-t elle le gifler ? Non, elle lève son bras en l’air, le marginal et elle se frappent dans la main comme s’ils se connaissaient depuis toujours. Une scène surréaliste pour un Européen. J’aime cette ville. Les Américains d’ici me paraissent sincères, vivants, loin de l’image qu’on en a souvent. 

Ici Chicago,face au 359 North Clark Street, à demain !

Eric Laforge

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