A propos ericlaforge

De la radio, un jeu de société, des livres et des conférences sur la musique et la radio...

Mail à… mon père !

Salut vieux, 

Je dis vieux, mais je sais que tu ne seras jamais vieux. Et pour cause…depuis mi-décembre 1999. Putain… 20 ans !

Eric

J’étais petit…

J’aime bien cette période de l’année, ce n’est pas triste, c’est une période de souvenirs. Comme tous les vieux, il t’arrivait de parler de ta fin. Sans te plaindre pour autant. Sûrement un réflexe qui vient avec l’âge lorsque la masse des souvenirs devient plus importante que la rareté des projets. 

Tu y pensais donc, à ta mort. Sans forcement en avoir peur, une simple préoccupation vis à vis de l’inconnu. Tu l’évoquais rarement, mais toujours avec ironie. Comme pour conjurer le mauvais sort. Sur le même ton, tata Nanette te répondait : “Bah, ça nous fera une sortie ! ” De temps en temps elle variait son discours par un : “Vous inquiétez pas, la mauvaise graine ne meurt pas !” 

Puis un jour tu es parti. La scène ressemblait presque à celle d’un quai de gare sur lequel des gens s’envoient des baisers. Sauf que là, on n’a pas eu vraiment le temps de t’embrasser, ni même de te dire au revoir. Quand bien même on aurait eu ce temps, se serait-on résolu à accepter que tu partes ? Une chose est frappante. Juste avant que tout ne se termine, les minutes paraissent s’écouler lentement. Pourtant le temps défile à toute allure, inexorablement, définitivement. Chaque seconde est un trésor dont on ne pourra estimer le prix qu’après. Et lorsqu’on s’aperçoit que c’est fini, que le train a quitté le quai, que ses lumières se sont éloignées, évanouies puis disparues petit à petit, alors on sait. Les yeux se ferment. Ni demain, ni jamais. Le train ne reviendra plus jamais.

Paysage photo papa

Désespoir, regrets. Regret de ne pas avoir parlé une dernière fois des choses que tu aimais. Et surtout de ne pas t’avoir dit une première fois que je t’aimais. Pourquoi n’ose-t-on pas le dire avant ? Avant qu’il ne soit plus possible de le dire. Les jours qui suivent ne sont pas faciles à vivre. On a envie de revivre par la pensée tous les bons moments de cette vie. Mais la seule pensée qui revienne sans cesse est : mon père est parti. Il ne reviendra pas. Tu as livré ton dernier combat après avoir bataillé des heures dans un hôpital sinistre. Un hôpital est toujours sinistre lorsque sa mission de soigner échoue. Lors de ma dernière visite, quelques heures avant l’issue fatale, j’ai senti tout autour de toi la concubine de l’hémoglobine comme dit la chanson. La mort. Elle était là, prête à faire son œuvre. Elle rodait. Elle était presque palpable tellement elle était présente. Je l’insultais  “….cette saloperie !”

Dérisoire rébellion vouée à l’échec. Alors je tentais de l’amadouer, de la flatter pour mieux l’apprivoiser. Faire ami-amie avec elle. Pour qu’elle te laisse du répit, à toi mon papa. Tu lançais tes dernières forces dans la bataille, mais c’était vain. Elle a eu le dernier mot dans la nuit, comme par lâcheté, la peur de t’affronter les yeux dans les yeux. Des yeux que tu avais bleus. Pendant dix huit ans, parce que tu aimais ta famille, tu as lutté contre la maladie. Tu avais gagné la première manche. Mais la vermine est rancunière, de manière insidieuse elle t’avait rongé petit à petit.  A 72 ans, elle a finalement eu ta peau et tout le reste. 

Nanette avait raison finalement, ça nous a fait une sortie. En nous voyant tristes à l’enterrement, je t’imaginais goguenard, donnant un petit coup de coude à ton voisin de paradis, ton chapeau de cow-boy vissé sur la tête, les mains dans les poches et disant : “…place aux jeunes, j’ai fait mon temps !” 

Quelques mois plus tôt, un petit garçon espiègle était né. Où sera-t-il dans 72 ans ?

Eric

___________________ 

PS : Un jour de mi-décembre 1999, je suis dans ma voiture, il est 18h. Un jour de fin de siècle, un jour pas comme les autres :

               La vie c’est du théâtre et des souvenirs 

            mais nous sommes opiniâtres à ne pas mourir 

Ce jour là, en 1999, la radio diffusait Rive Gauche à Paris de Souchon. Souchon, je l’avais rencontré quelques jours auparavant. Ce titre est une bande originale, ou plutôt la musique d’un générique de fin. Quelques instants avant de l’écouter ce jour-là, je venais de passer un moment avec toi, je t’avais embrassé en te quittant, je ne savais pas que c’était la dernière fois que je te voyais. Cette chanson est une douce mélancolie de la vie. Cette chanson est un jour de décembre 1999.

 

Mail à … Farley C.Matchett

Hi Guy !

… Comme on dit aux Amériques. Toi Farley, tu es un Américain. Pour être exact, tu étais un Américain.

Depuis le 12 septembre 2006 tu es un peu mort. Les gens qui étaient autour de toi ce jour-là n’ont pas eu de peine, ou disons plutôt qu’ils ont eu la peine de mort comme vengeance. Ils étaient la famille de ta victime. En 1998, toi et moi nous nous sommes échangés quelques lettres. Toi, matricule N° 999060 de l’Elis One Unit de Huntsville. Autrement dit le couloir de la mort, the Death Row. Tu m’avais raconté notamment que lors de ton procès, l’avocat commis d’office s’était endormi. Il faut dire que les types dans ta situation, les condamnés à mort ont quelques points communs : la peau noire, la pauvreté et  quasiment aucun moyen de se défendre. Un avocat est désigné pour les procès dans le genre du tien, mais ça leur rapporte que dalle aux avocats commis d’office. Nada. Nothing. En fait les avocats des condamnés à mort sont souvent des rebus en fin de carrière, des loosers.

15

Tu as eu successivement trois avocats pour te défendre. Tu te souviens du premier ? Il était dépressif, d’ailleurs il s’est suicidé. Remarque, du coup, ses honoraires n’ont jamais été honorés. Il faut voir le bon côté des choses. Le suivant. Ah oui le suivant, il t’a défendu lorsqu’il il avait un trou dans son agenda. Et le troisième, un champion du monde dans son genre. Lui, il a simplement déposé ta demande de grâce hors délai. C’est ballot. Du coup, toi t’es mort maintenant. Bah oui.

Sais-tu que le 10 octobre il y a la journée mondiale de la peine de mort ? Je ne sais pas si cela a une utilité, au fond de moi, je pense que non. Humainement parlant, on doit tous par essence être contre la peine de mort… (Je conseille la lecture de ‘Le dernier jour d’un condamné’ de Victor Hugo.) Il faudrait demander aux deux types qui ont été exécutés cette semaine au Japon ce qu’ils en pensent. Ou plutôt à leur bourreau. Je me suis d’ailleurs toujours demandé pourquoi les condamnés à mort étaient souvent exécutés au petit matin. Et si un condamné exprimait un jour comme dernière volonté : « Je veux faire une grasse matinée », est-ce qu’on lui accorderait ?

Donc Farley, (je t’appelle Farley pour faire croire que je te connais un peu) tu m’as expliqué dans tes courriers de l’époque que les faits n’étaient pas le meurtre froid dont tu étais accusé. Ton dossier disait que tu étais accroc au crack, un soir de manque tu aurais assassiné pour te procurer des doses. Mais ta version, celle que tu m’as racontée, évoquait une embrouille qui avait simplement mal tournée à propos d’argent. Tu t’étais défendu et malheureusement, ton contradicteur était mort. J’espère que là-haut, vous ne vous êtes pas retrouvés pour continuer l’embrouille.

25

Je ne saurai jamais où était la vérité, étais-tu vraiment coupable ? Es-tu resté toutes ces années dans le couloir de la mort pour rien ? A vrai dire, semble t-il, personne ne saura jamais ce qui s’est passé. Mais n’empêche qu’au final, tu as quand même eu ta dose. Une dose injecté par un mec alors que tu étais attaché. Ça ressemble à une scène sado-maso. En fait, tu as eu trois doses. Trois seringues commandées par trois mains différentes t’ont envoyé pour deux d’entre elles, des produits inoffensifs et la dernière, ça a été l’extra balle. Un shoot mon pote, comme tu n’en n’as jamais eu de toute ta vie de camé. T’as vu des étoiles, t’es monté au ciel, sauf que tu y es resté. 

Bon, certes tu n’étais pas non plus un enfant de chœur, mais je me demande juste une chose. Si tu avais eu, disons… hum… 5 millions de dollars sur un compte. Est-ce que tu serais mort aujourd’hui ? Et puis autre chose, depuis que tu as eu ton overdose légale… Le terme technique est létale, beaucoup d’autres femmes et hommes ont été exécutés. Ça a changé quelque chose ? Regardons les chiffres. Alors, il y a eu environ 16 000 assassinats dans ton pays en 1997. En 2007, après ton exécution, il y a eu 17000 assassinats et même plus de 21000 en 2017. Donc, ta mort n’a pas dissuadé les assassins qui courent les rues. Le résultat est assez décevant comme tu le vois.

Tu fais partie des statistiques désormais. Une nuit de septembre 2006, quelque part au Texas, sur le petit registre du couloir de la mort, le préposé officiel vient d’écrire : Farley C. Matchett is deadLe pays dans lequel tu es mort est la plus grande démocratie du monde… Enfin, c’est ce qui est écrit sur le dépliant publicitaire, juste sous la photo du drapeau étoilé et à côté des sourires d’une famille près d’un barbecue. God bless America ! 

Eric Laforge

______________________

PS : Tu n’as pas dû connaître le GSM puisque tu as été emprisonné avant son invention. Avec cet instrument, les gens s’envoient des messages et parfois ils les terminent par mdr. Je préfère ne pas te traduire, mais sache que la vie, on n’en sort pas vivant.

3

Retrouvez-moi sur Facebook, je suis ici : https://www.facebook.com/eric.laforge1

Mail à … Martin Luther King

Salut Martin,

C’est peut-être un peu trop direct comme entrée en matière, non ? Les bien-pensants diront même que c’est irrespectueux. Je pourrais aussi t’appeler M.L.K., comme la chanson de U2 qui te rend un hommage très subtil.

Il me semble que le 4 avril est une date appropriée pour penser à toi, n’est-il pas ?

Quand tu étais petit, j’ai lu qu’on te répétait sans cesse qu’il fallait souffrir pour devenir quelqu’un. Quelle drôle d’idée ! Combien de gens sur cette planète ont souffert sans jamais devenir … personne ? C’est vraiment une idée curieuse de croire qu’il faut avoir eu du malheur pour mériter le bonheur. Probablement l’idée la plus absurde que l’humanité ait inventée. Et le fait qu’on nous la rabâche sans cesse dans certains milieux, dans certaines sociétés, n’est certainement pas innocent, pour nous rendre docile en nous laissant espérer le paradis. Une belle hypocrisie en tout cas, à laquelle je n’adhère pas. Cela aurait même tendance à m’énerver au plus haut poing.

Oui, avec un ‘g’, même si je suis d’accord avec toi pour prôner la non violence. Mais comme toi également, j’aime aussi le point G. Tes ennemis ont essayé de te faire trébucher à cause de ton péché mignon d’ailleurs, l’amour des femmes… comme si c’était un péché. Mais je m’écarte comme dirait Clara Morgane.

Descartes écrivait : « Je pense donc je suis ». Tu sais mieux que quiconque qu’on pourrait compléter sa phrase par « Je pense donc je suis un gêneur. » …Un casse-pieds, un trouble-fête, bref, un danger !

Je pourrais évoquer aussi le savant Copernic. Un Polonais qui n’y connaissait rien du tout en plomberie, à chaque fois qu’il voulait bricoler la robinetterie, c’était un désastre. Du coup il s’est intéressé au mouvement des astres. Copernic donc, a découvert que la Terre tournait autour du Soleil et non l’inverse, il aurait mieux fait d’attendre avant de répandre la nouvelle. Attendre que les mentalités soient prêtent à entendre ce que leurs esprits fermés ne pouvaient même pas concevoir. Réjouissons-nous mon frère, (Tu permets que je t’appelle ‘Mon frère ?) que sur cette planète il y ait eu des précurseurs, des visionnaires, des gens qui ont bousculé la pensée pour nous faire tous progresser. Tu fais partie de ces gens là.

Cela dit, bah oui, tu te doutes qu’il y a un mais. Dans ton célébrissime discours du 28 aout 1963 à Washington, tu disais que tu avais fait un rêve. Ça me parle ça. Moi qui suis un doux rêveur, dès que quelqu’un me dit qu’il a fait un rêve, je deviens attentif, j’ouvre les yeux et je lève une patte comme un chien d’arrêt.

Toi comme Ghandi vous prôniez la non violence. Tu expliquais même, lors d’un autre discours à Montgomery, que tu préférais brandir l’arme de l’amour. Tu avais raison évidemment, il m’arrive moi-même de brandir l’arme de l’amour, mais là non plus nous ne sommes pas égaux. Nous avons des calibres différents ! Enfin je ne parle pas pour moi bien entendu, « ... J’ai la puissance de feu d’un croiseur. » (Audiard) Dans cette logique de l’amour comme signe distinctif de puissance, si Rocco était Président, on jouirait alors tous d’une reconnaissance et d’une liberté qui ne s’ébranleraient pas sous les attaques séculaires des trous du cul ! Mais bon, là aussi je m’égare.

Cela dit, il est temps que j’en vienne au sujet même de ce qui m’amène à t’écrire. Ton discours de Washington est certainement l’un des plus célèbres du 20éme siècle. Moi aussi j’ai fait un rêve, le même que tu as raconté il y a 55 ans. On ne le sait pas, mais ce rêve tu ne l’as pas fait toi même, tu rapportais ce qu’avait dit quelques jours plus tôt une femme blanche à une femme noire. « J’ai rêvé, disait-elle, que mon enfant blanc marche main dans la main avec votre enfant noir. » Le rêve de cette maman auquel tu avais donné une résonance mondiale s’est réalisé en partie. Aujourd’hui, il y a des endroits où la couleur de l’autre n’a plus d’importance, mais malheureusement les intolérances se sont déplacées vers d’autres éléments de notre vie désormais, ce n’est pas plus rassurant.

Luther King, la vie, quelle histoire !
C’est pas très marrant
Qu’on l’écrive blanc sur noir
Ou bien noir sur blanc,
On voit surtout du rouge, du rouge

(Adaptation de Nogaro)

Eric Laforge

________________________

PS : Aujourd’hui, cela fait 50 ans qu’un type a voulu changer le cours de l’histoire en t’assassinant. Ça devait être son rêve. Du coup, tu es devenu une légende, lui n’a obtenu que la place d’un misérable abruti ségrégationniste dans l’histoire.

Retrouvez-moi sur Facebook, je suis ici : https://www.facebook.com/eric.laforge1

Le vieux couple et le pauvre

Scène de la bêtise ordinaire ce matin devant un supermarché. Le 24 novembre 2017.

Il était une fois un vieux couple. L’homme à la démarche hésitante dû à une surcharge pondérale notoire, venait de replacer le chariot des courses à son emplacement. Il avait récupéré méticuleusement son euro, véritable trésor en ces temps difficiles. Il se dirigeait vers son automobile. Derrière lui, à distance respectable et selon un ordonnancement bien machiste des habitudes, la femme dodelinait péniblement pour les mêmes raisons. Les deux se trainaient comme s’ils portaient sur leur dos des années d’ennui d’une vie désormais de cohabitation plus que d’amour.

StatlerWaldorf-550x365

C’est à ce moment là que le hasard a voulu que je débarque devant la file de chariots avec cette nonchalance qui frise l’impassibilité voire le lymphatisme. Un SDF était là, lui aussi. Assis sur son séant, il m’a salué par un fort généreux « Bonjour monsieur, je vous souhaite un bon week end ». Je lui ai renvoyé amicalement un salut. Puis il a enchainé, de manière tout aussi polie, en souhaitant la même chose aux deux patauds. L’homme est resté impassible, comme une vache voyant passer un train chargé de lait. La femme a légèrement tourné la tête… vers les chariots, des fois que son mari ait oublié de récupérer l’euro. Puis elle s’est écarté sans un mot.

Je me suis alors adressé au vagabond en lui disant que c’était insensé, les gens ne répondent même pas à un « Bonjour ». Puis oubliant ma nonchalance, emporté par une fougue et une virulence soudaines, j’ai dit à l’adresse des deux lambins : « Quelle bassesse, c’est incroyable, c’est même minable ! » Pour autant que ce soit possible, les deux taches ont accéléré le pas vers leur abri anti-SDF se disant probablement qu’un SDF et un jeune ( oui je parle de moi, mais par rapport à eux, je suis jeune) leur voulaient des ennuis.

Peut-être ne savaient ils pas qu’en échangeant un simple « Bonjour » on échange un peu de solidarité, de chaleur et de bonne humeur, en aucun cas des virus.

Puis j’ai imaginé nos deux champions du monde rentrer à la maison, ranger leurs courses soigneusement. Se poser devant le journal de Jean Pierre Pernaut. Et devant un reportage sur les migrants qui se noient en Méditerranée avoir ce dialogue :

-Ils nous embêtent avec ces migrants.

Et l’homme de répondre :

-Oui, Ils feraient mieux d’aider nos pauvres, bien de chez nous !

________________________

Moralité :

Le pire con, c’est le vieux con, on ne peut rien contre l’expérience !

Et comme dirait Lafontaine : L’usage seulement, fait la possession 

 

Eric Laforge

La belle et les bêtes !

En ce 9 novembre de l’an de grâce 2017 alors que la lueur faiblissait, une jolie dame avait remisé sa fière carriole sur une place prévue à cette effet. Euh… je branche le traducteur …

Ce 9 novembre, il est 16h30, ma compagne se gare sur une place libre. Derrière elle, une place handicapée tend les bras à qui voudra s’y mettre. Arrive justement un handicapé dans son fier carrosse (traduction : sa petite voiture compacte). Bien que faisant six mètres de long, la place ne lui semble pas assez grande pour y parquer sa caisse. Il fait tout de même une manoeuvre, mais une manoeuvre d’approche vers ma compagne pour lui dire qu’elle est garée sur une place handicapée et qu’il faut qu’elle bouge. Ainsi qu’en atteste cette estampe dessinée au moment des faits, que nenni ! (traduction : Ainsi que le montre la photo prise sur le vif, ça n’était pas le cas).

Handicapé

On peut être handicapé et être un pauvre type, non ça n’est pas antinomique. Mon père qui était handicapé m’a souvent répété que dans les handicapés, il y a aussi des cons. Le manant, voyant qu’il avait tort, fit jaillir quelques sons fort importuns de sa cavité buccale à l’encontre de la belle (Traduction : Le type a ouvert sa grande gueule pour insulter ma compagne de ‘Grosse pute’).

Puis le gaillard s’en est allé mander la maréchaussée (Traduction : Ducon la joie est allé chercher les flics). Les hommes en uniforme ont constaté qu’en effet la place handicapé était disponible. Mais ont quand même demandé à ma compagne pourquoi elle ne s’était pas garée de l’autre côté de la rue où une place était libre. La raison en était fort simple, parce que lorsqu’elle est arrivée la place de l’autre côté était occupée. Et puis… Faut-il se justifier d’être bien garé désormais ?

La belle a expliqué aux gardiens de la paix que l’homme l’avait insultée de ‘grosse pute’. Pour seule réaction, ils ont souri !

_____________________________

Moralité

Un handicapé et deux uniformes n’inspirent parfois que de l’irrespect. Et comme dirait Jean de La Fontaine :

Ne forçons point notre talent,
Nous ne ferions rien avec grâce
Jamais un lourdaud, quoiqu’il fasse
Ne saurait passer pour galant.

Eric Laforge

The Joshua Tree is dead

En 1987, on était jeune et beau. La bande à Bono sortait le fameux album The Joshua Tree.

u2joshuatree.jpg

Voici le dos de la pochette. Regardez bien au fond à droite. Non, pas la montagne ! En plan intermédiaire, vous voyez l’arbre ? C’est lui Joshua Tree. Pour être allé plusieurs fois dans le désert de Californie, la fameuse Vallée de la mort, je peux vous dire qu’il fait chaud là-bas. Très chaud, ça dépasse souvent les 50 ° à l’ombre, mais le problème est qu’il n’y a jamais d’ombre dans cette Death Valley. Enfin, je mens un peu, il y avait bien un coin d’ombre, juste là, au pied de cet arbre emblématique.
Il y avait, en effet.
L’arbre n’a pas résisté à la chaleur, il a fini par y laisser son écorce. J’ai longtemps espéré que U2 lui rende un hommage… ou au moins que Jacques Dutronc écrive une chanson.

Un jour, peut-être…Je touche du bois.

Voici trois photos des derniers mois de la vie de l’arbre prises par Henry Wagner.

jtmai99.jpg

Mai 1999

jtfinoct00.jpg

Octobre 2000

jtoct00.jpg

Octobre 2000

Mail à… mon fils Maxime !

Check !

Depuis quelques jours, je lis tous ces messages de parents fiers du diplôme obtenu par leur enfant. Genre : « Mon enfant vient d’avoir son Bac ou son CESS‘. Je les envie tellement, j’aurais aimé que mon fils réussisse lui aussi… enfin, tant pis. J’ai dû tourner trop vite les pages du manuel ‘La bonne éducation pour les nuls !’

Dans la mifa avant, on était voleur , aigrefin, looser, malandrin, filou, fraudeur, brigand et même saltimbanque ! Je pensais en t’envoyant deux mois au Mexique l’année dernière que tu nouerais des contacts avec les narcos pour faire du business. Nada ! Que dalle !

J’imagine mamie Francine lire ces dernières lignes et dire : « Oh, quel chameau !« 

IMG_0616

« Nom de Dieu » comme dirait Saint-Stanislas, on a déjà un curé et une avocate dans la famille, si toi aussi tu penches du bon côté, que vont penser les arrières grand-parents siciliens dont je me suis toujours demandé s’ils n’étaient pas un peu mafiosos sur les bords ?

Alors je résume ton palmarès, tu as remporté le deuxième prix la semaine dernière d’un concours national qui consistait à écrire un superbe texte politique sur le thème de la présidence de la république. Et cette semaine tu viens d’obtenir ton diplôme de fin de secondaire avec la mention ‘Très bien’. La mention ‘Très bien’ mec… Oh Pinaise ! Si au moins tu me disais que tu as triché pour avoir plus de 16 de moyenne partout, mais je sais que non.

Maxime Rhéto

Pour couronner tout ça, tu es reçu à Sciences Po Paris, la quatrième meilleure école du monde dans son domaine après Harvard et Oxford notamment ! Et bien sache que moi, ça me rend… Bordel de merde, ça me rend fier aussi, plus que ça même. Tellement que ça pourrait donner une idée de l’infini.

La vie va changer. Tous les soirs depuis des années, nous avions des discussions politiques, philosophiques, religieuses. Elles vont me manquer, il y aura certainement des soirées plus tristes que d’autres à partir de septembre, mais je penserai à ces clefs que tu es en train d’acquérir, une après l’autre. Et je sais que tu sauras ouvrir des portes avec. Tu as bossé pour tout ça, je suis fier de toi mec, super fier de toi. Pour la suite, comme disait Jean Monnet… ni optimiste, ni pessimiste, continue juste à être déterminé !

En fait, je n’ai plus vraiment de conseils à te donner…  Juste une observation quand même. Rester humble et se souvenir de tout. A ce propos, tu te rappelles l’autre midi en terrasse du resto, en plein soleil, ce jeune syrien qui faisait la manche. Il est venu à notre table, il avait ton âge. Vous allez avoir des parcours tellement différents. On a souvent parlé des philosophes des lumières ces derniers temps ensemble, notamment de Rousseau qui pensait que l’homme est naturellement bon. Ça peut prêter à polémique (Victor), mais je suis d’accord avec ça. Il ne faut pas se le cacher, avec Sciences Po puis peut-être l’ENA, tu es certainement destiné à atteindre le sommet, tout en haut. L’homme est bon, mais le pouvoir et l’argent sont des sollicitations qui corrompent, c’est humain.  Tu auras surement du pouvoir, beaucoup de pouvoir, je te souhaite de le jumeler avec du bonheur pour toi-même. Mais aussi comme je te le disais à table, ne pas oublier ces gens qui n’ont pas eu notre chance. Ils ne sont ni meilleurs ni pires que nous, ils ne sont juste pas nés au bon endroit.

Je te parle, je te parle… inconsciemment comme aurait dit Freud, c’est pour continuer encore et encore nos grandes discussions. Comme une envie de te retenir. Dans sa chanson Independence Day, Bruce Springsteen qu’on a vu ensemble aux quatre coins de l’Europe évoque un jeune garçon qui s’en va. Il dit à son père « On n’a plus rien à se dire papa, mais un jour je reviendrai et on parlera. »

17349861_644368875755851_8984708909710905820_o

Nous deux, on a encore plein de choses à nous dire et on se les dira. Dans le film Good Morning England qui raconte un peu la vie que je me suis construite dans les radios ou je suis passé toutes ces années, le personnage principal, Comte, animateur de radio, dit au jeune qui est sur le pont du bateau avec lui : « Nous vivons là, les plus belles années de notre vie« . La vie continue et elle va être encore belle. Ton parcours, ta vie, ce que tu es devenu… Quoiqu’il arrive j’ai déjà réussi ma vie grâce à toi. Tu es un mec vraiment bien, je t’aime si fort que là aussi il y a une idée de l’infini.

Signé : Je suis ton père !

____________________________________________

PS : Un dernier conseil, évite de dire un jour : « J’ai décidé de dissoudre l’Assemblée Nationale ! « 

Mail à … Donald Trump

Salut Donald,

Non vraiment, tu trouves que ça fait sérieux pour un Président américain de se prénommer Donald ? C’est un nom de connard ça… Grrr, satané correcteur orthographique, je voulais écrire canard !

Je me souviens de tes mots à propos des femmes : « Grab them by the Pussy« . Les femmes tu les attrapes par la chatte et tu en fais ce que tu veux. Une déclaration d’un niveau dorcellien. Tu avais aussi expliqué que quand tu rencontres une femme, tu l’embrasses sans attendre son consentement. Pour les mêmes faits, un tennisman s’est fait virer à juste titre de Rolland Garros la semaine dernière. Sur le même thème, je viens de lire une BD qui sort en ce début de juin et qui parle du harcèlement des femmes dans la rue. C’est donc ça le rêve américain, qu’un baraki, un cas social devienne Président.

Protect Your Pussy

Des paris ont déjà été pris sur ton éventuelle décoloration… Encore ce correcteur ! Je voulais dire destitution. Tu es empêtré dans de sales affaires toi le ‘Dessange’ de la Maison Blanche, notamment celle révélée par le Washington Post qui montre que tu aurais divulgué des informations sensibles au chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov. J’ai bien l’impression que tu vas te faire crêper le chignon dans la chambre. Je veux dire par là que le congrès va finir par engager une procédure d’impeachment. C’est fort peu probable, je te l’accorde. Mais prenons le postulat que toi, tel un enfant de 4 ans contrarié, tu décides de partir, énervé par ces journalistes qui font rien qu’à t’embêter. La Maison Blanche verrait débarquer Mike Pence. Tu as plein de vices on l’a vu, celui-ci est ton Vice-Président.

Pour comprendre qui il est, je dirais que si toi tu es un pétard de fête foraine, lui est la MOAB, (Mother of all bombs). La fameuse plus grosse bombe que tu as lâchée sur l’Afghanistan en avril dernier avec un sourire satisfait qu’arbore innocemment le même enfant de 4 ans qui vient d’écraser des fourmis. Mike Pence, comme le rappelaient Les Inrocks est « …misogyne, homophobe, climato-sceptique et anti-avortement« .  Sacré palmarès ! Un ultra-catho qui n’a pas pu faire interdire l’avortement dans son Etat de l’Indiana mais qui a fait voter une loi instaurant une cérémonie funéraire afin d’humilier les femmes ayant perdu leur foetus. Il pense qu’une femme qui travaille ne peut pas remplir son rôle qui consiste à élever ses enfants ce qui provoque un « …retard de croissance et de développement chez l’enfant.« 

Washington - Trump

(photo prise à New York en mai dernier. En haut à gauche, statue de George Washington, abolitionniste et premier Président des Etats-Unis. En bas à droite, on distingue The Trump Building. Trump, dernier Président avant la pizzeria !)

______________

Quoiqu’on puisse dire de toi, j’ai aimé ta mèche au vent lors du G7. A propos de vent, j’ai vu celui que tu t’es pris lorsque tu as tenté de saisir Mélania par la main. Elle l’a aussitôt enlevée. Pourquoi n’as tu pas appliqué ton approche féline habituelle ?

En dehors des affaires qui menacent ton poste, résumons tes derniers faits d’armes : Ta bousculade au G7 pour être devant sur la photo, ton retrait de la Cop 21 et ta récupération politique pathétique de l’attentat de Londres.

Tu as donc réussi à te mettre le monde à dos. La cause que tu défends est pourtant louable : Vouloir en priorité donner du travail à tous les Américains avant d’engraisser ces salauds d’écolos européens, ces miséreux d’Africains et ces rouges d’Asiatiques. Il s’agit ici de ce qui doit être au fond ta pensée géopolitique la plus élaborée. 140 caractères pile, que tu peux tweeter dès demain matin avant d’aller pisser.

Trump - Fuck the planet

Dire que des types nous embrouillent avec des traités de philosophie ou des dissertations sur l’économie alors que toi tu trouves à tous les problèmes compliqués des solutions simples.

Dans ta gouvernance à l’emporte pièce qui consiste à ne pas avoir de stratégies et encore moins de vision mais juste un téléphone pour tweeter, il est tout de même possible d’y voir un élément positif, tu as resserré les liens entre l’Allemagne et la France, éléments éminemment importants de la paix en Europe depuis maintenant huit décennies.

Rien que pour ça, on peut te féliciter pour ta présidence qui est donc réussie. Tu peux partir la tête haute, oui oui dés maintenant. Allez file. Salut à toi l’Amérouquin !

Eric Laforge

_________________________

PS : Tu as redonné espoir à au moins une personne. Depuis que tu es à la Maison Blanche, même George Bush fils, passe pour un intello.

Mail à … Emmanuel Macron !

Salut Manu,

Ça fait deux semaines que tu es Président et rien n’a changé. Le chômage est au plus haut, les entreprises françaises vont mal et les retraités les plus modestes attendent toujours la compensation dont tu parlais dans ton programme ! Bref, tu es comme les autres. Tous des pourris !

Ces premières lignes sont destinées à ceux qui ne parcourront que le résumé de cet article sur Facebook et ne se donneront pas la peine de lire la suite. Ce qui ne les empêchera pas de commenter parfois en étant même agressifs Ce sont les mêmes qui d’ailleurs donnent leur avis sur la politique avec le plus de véhémence sans être capable de nous dire en quoi consiste ton programme ou celui des autres candidats. Oui, je suis taquin, je sais.

Macron - Clin d'oeil

En fait Manu, tu es un génie, j’exagère un peu, mais c’est pour les besoins de ma démonstration. En y regardant de plus près tu as déjà trouvé quelques premières pistes pour faire des économies. D’abord ton gouvernement : 11 hommes et 11 femmes. On le sait, à compétences égales,  les femmes perçoivent un salaire 24% inférieur à celui des hommes. Onze femmes au gouvernement, c’est donc 33 mois de salaire en moins à verser par an. Par ailleurs, les statistiques précisent aussi que les femmes sont plus efficaces, bref tu gagnes sur tous les tableaux. Well done Bro !

Pour le chômage, je te propose une astuce statistique qui ne coûte rien. Plutôt que de truquer les chiffres grossièrement, ça finit par se voir, je te suggère une méthode qui a fait ses preuves. Le ministre de l’intérieur (celui de la police) devrait désormais communiquer les chiffres mensuels du chômage à la place du ministre du travail. Quand les organisateurs d’une manif annoncent 100 000 participants, la police n’en compte généralement que 5000. Avec cette méthode de calcul, le chômage sera résorbé en moins de 2 ans. Ainsi, la dame assise sur son bureau, tu sais ‘la fille de’, ne pourra plus prétexter que les étrangers volent le travail des vrais français. Son parti « fera pschiiit » pour citer Chirac.

Un mot sur la photo de cette dame blonde en talon, assise nonchalamment sur un faux bureau présidentiel. Ah les fantasmes ! J’imagine que tu avais vu la photo de sa campagne du deuxième tour ? Je n’en reviens toujours pas de la puissance de Photoshop !

Gouvernement

Ton intégration de ministres de gauche et de droite dans le gouvernement est, il faut bien le reconnaître une stratégie plutôt habile. 66 % des Français approuvent. Le PS qui n’allait pas bien n’existe quasi plus et les Républicains sont aux abois. Leur chef, Harry Potter comme l’avait surnommé Libération en 2005, parle désormais par slogan pour galvaniser les rares troupes qui lui prêtent encore allégeance. Il tente d’exister désormais avec un vieux discours de confrontation plutôt que de construction. Pour l’imiter dans ses aphorismes incantatoires, je dirais qu’il parle de la France avec des idées qui sentent le rance.

Avant d’évoquer ta femme Brigitte, je reviens sur deux faits qui sont questionnant. Lors de la première sortie du conseil des ministres, les journalistes n’étaient pas acceptés au bas du perron pour les traditionnelles questions à la volée et les images de ministres s’engouffrant dans des voitures. Pour ta visite au Mali, tu as nominativement désigné les journalistes que tu voulais voir avec toi dans l’avion. Un procédé pas très… Charlie. En Corée du Nord, ça doit se faire comme ça, mais pas ici au pays des lumières et de Théophraste Renaudot ou de Camille Desmoulins. Je te pose la même question qui avait été posée à De Gaulle: Tu ne vas pas entamer une carrière de dictateur ? Je te laisse chercher la réponse qu’avait faite le Général.

Macron Bisous

Je reviens à ta femme qui est jolie et attachante, tout l’inverse des articles nauséabonds qui lui ont été consacrés par des types qui sont au journalisme ce que Trump est à la sincérité. Je suis tombé sur un journal belge qui montrait son visage en gros plan avec des flèches pointant les opérations supposées de chirurgie qu’elle aurait subies. Un pseudo spécialiste légitimait cet article de caniveau en donnant son avis : « Oui, le nez… elle a peut-être subit une opération, et pour la joue je suis pas certain mais… » Du grand journalisme et de la déontologie médicale de chef d’abattoir. 

Bon, on ne va pas se mentir Manu, les hommes du passé que le scrutin a relégué en deuxième division départementale commencent déjà à aiguiser leurs couteaux. Ton discours les a fait vieillir d’un coup, mais ils espèrent ta chute en pensant ramasser la mise dans cinq ans. Avoir échoué à gouverner ne leur a donc pas suffit pour se remettre en question. Quelle indignité !

Eric Laforge

__________________________

PS : Quand tu enlèves les filtres dans Photoshop, tous les défauts réapparaissent. C’est comme dans la vie en fait, parfois sous le maquillage, c’est l’horreur.

`

Mail à… toi l’électeur !

Salut l’élu !

Bah oui, soyons honnêtes, c’est bien toi le vrai élu. Il suffit de constater la cour que te font ces gens qu’on voit dans la boîte à mensonges, tu sais ces gens qui disent : « Les Français pensent ceci, les Français disent cela… Ecoutez-moi monsieur Pujadas, hier j’étais dans ma commune, sur un marché et je les vois les Français, je connais leurs préoccupations… » 

marianne

Toi qui est mon reflet dans la glace, je sais bien qu’aujourd’hui, on ne se sent pas le plus beau dans ce miroir. On t’insulte sur le net et ailleurs parce que la France serait à 21 % raciste, même si tu n’es pas dans ce pourcentage là, peu importe. Dimanche dernier, ça n’était qu’un jour en France. Un jour d’élection, après les discours du bistrot et les racontars sur Facebook, un jour d’élection comme il y en a eu tant. Oui, un jour en France … « Et quelques fascisants autour de 15%, Charlie défends-moi !!! » chantait Noir Désir en 1996. Les chiffres ont un peu changé en 20 ans, tout augmente ma petite dame.

On te montre du doigt, toi l’électeur, tu es le coupable. Dans ce pays qui a le coq pour emblème, tu es le dindon de la farce. Mais la farce ne fait plus rire personne. Allumons le projecteur pour te le foutre dans les yeux et t’obliger à dire que tu es un ‘patriote’. On va faire une discussion à l’ancienne salopard, un interrogatoire musclé avec lumière, pinces électriques et gégène, tu vas avouer fumier !

– Tu faisais quoi dans la journée du dimanche 23 avril entre 7h et 20h ? J’ai les moyens de te faire parler … n’est-ce pas ? 

Tu dis être passé au bistrot faire une fine analyse politique de la France avec Bébert et Dédé. Ensuite tu serais passé chez ta belle-mère pour le poulet rôti, puis retour à la maison le soir pour mettre le petit Jésus dans la crèche. Pendant ce temps là, j’ai l’impression que d’autres sont en train de mettre le doigt dans le culte. Le culte d’une personnalité nauséabonde qui fait croire monts et merveilles.

Tu es coupable de négligence, ce n’est pas toi qui a mis le pays dans cet état, mais ne pas t’intéresser aux discours des deux finalistes plus que lors de leur venue sur le plateau de TF1 pourrait bien te faire regretter de regarder les Chtis à Marseille ou à Miami ou à Ibiza ou ailleurs. Ces feignasses bodybuildées et bronzées n’ont que ça à foutre : être au bord d’une piscine à faussement s’engueuler grâce aux deux neurones qui leur servent de cerveau.

Eteignons la lampe et la gégène, on va économiser du courant. Et puis, comme chacun sait, là où il y a de la gégène, il y a peu de plaisir. Sauf pour un copain SM que j’ai connu, mais c’est un autre d’ébat !

urne

Si tu t’intéressais vraiment à ce qui se passe, au-delà des potins, commérages et racontars sur Facebook, tu saurais que le protectionnisme et l’isolationnisme n’ont jamais fonctionné. Pas une seule fois dans l’histoire, non, pas une seule.Jamais. Tu saurais aussi que l’Europe a préservé la paix sur notre continent depuis une période d’une longueur jamais égalée dans l’histoire. Mais pour savoir ça, il faut aller au-delà des titres racoleurs.

Une autre proposition creuse, mérite d’être creusé davantage, ce fameux Droit du sol. Il paraît que c’est un handicap pour la France, ah oui ? N’est-ce pas plutôt un argument électoraliste ? Allez, réfléchis un peu, le Droit du sol, c’est ce qui permet à Noah, Zidane, Gad Elmaleh ou actuellement Omar Sy d’être la personnalité préférée des Français. On pourrait rajouter des dizaines de noms à cette liste prestigieuse, Platini, Kopa et… Sarkozy. Zidane est probablement le Français qui en impose le plus dans le monde entier, sans le Droit du sol, Zidane n’aurait jamais mis ces deux coups de tête en finale en 1998 pour donner le trophée à la France. Bah oui, comme tu vois, voter c’est réfléchir un peu plus loin que le bout de son poste cathodique.

Oui tu es coupable de négligence en prenant pour argent comptant n’importe quel slogan publicitaire électorale. Mais, il y a un autre coupable. Il est mieux habillé que toi, avec de bien meilleures manières. Tu le vois dans la télé te dire que quand tu auras glissé ton bulletin tout ira mieux. Moi, ça me casse les urnes ces mensonges. Lui qui depuis 40 ans a laissé proliférer la ‘peste brune’ dont tout le monde parle avec une certaine résignation. Je parle de l’homme politique traditionnel. Celui qui un jour prend un peu dans la caisse, un autre jour vote pour que l’Arabie Saoudite puisse siéger à la Commission du droit des femmes de l’ONU.

Il y a plein d’hommes politiques honnêtes et dignes et puis il y a ceux-là, ceux qui détruisent le plus important des supports de la démocratie : la confiance qu’a le peuple en ses élus. Tout ça pour quelques (milliers) de dollars en plus ou pour garder un job, une bagnole de fonction et des émoluments. Oui je suis d’accord avec toi l’électeur, émolument, c’est un drôle de mot, ça me fait penser à excrément.

election

Une chose est certaine, il y aura bien un front qui raflera la mise aux présidentielles. Si les hommes en cravates, chaussures boueuses et dents blanches qui rayent le parquet ne se mettent pas d’accord, le vainqueur ne sera donc pas le front dit ‘républicain’. Mais ce sera quand même toi l’électeur qui portera la responsabilité du désastre, ils diront que tu n’as rien compris. Ils… Ils ont un devoir et une mission évidente à accomplir cette semaine en se mettant d’accord. Et bien tu sais quoi ? Même ça, ils sont en train de le foirer. Tu seras certainement tenu pour responsable de leur irresponsabilité politique, un comble !

Pigeon ! C’est écrit sur ton… front !

Eric Laforge

__________________________

PS : Ces deux lettres (PS) ne signifient pas une inclinaison politique, mais je ne voulais pas terminer en écrivant FIN. J’avais peur que certains lisent mal et ne voient pas le i.