Je vous raconte ici chaque jour, une des étapes de mon voyage avec mon ‘Club des 5’ cet été sur la Route du Blues. Entre Chicago et New Orleans. Le dernier épisode sera constitué d’un maximum de photos.
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Hi Guys !
– Le fameux Crossroads –
Ici se croisent la 49 et la 61, il y a quatre-vingts ans ce n’étaient que des vulgaires chemins de cambrousse. Un soir des années 30, Robert Johnson, vénéré par Eric Clapton et Keith Richards entre autres, s’est retrouvé à ce croisement où il a fait une drôle de rencontre, le diable. Le diable lui aurait appris à jouer de la guitare en échange de son âme. Il faut savoir que cette histoire doit être grave trempée dans l’absinthe. Mais il n’en demeure pas moins un fait : avant ça, Robert Johnson était moqué de tous ses potes parce qu’il ne savait pas du tout jouer de la gratte, il en a eu marre, il a disparu de la circulation pendant un an et à son retour il savait jouer comme personne. Même Clapton qui s’y connait un peu en grattouille pense que Johnson est le meilleur de tous les guitaristes. C’est dire. D’où cette légende avec le diable, il fallait bien trouver une raison à ce génie subit.
Allez, je continue la route au Sud vers Indianola, à l’écoute de cette musique du diable. Un soir à Chicago, il y a deux ans, un vieux type édenté m’avait expliqué pourquoi le Blues est la musique du diable. « Dans le gospel on chante … Oh my Lord ! (Oh mon seigneur) alors que dans le Blues on dit … Oh my Baby ! (Oh ma chérie) » m’expliquait-il. L’amour serait donc démoniaque !
– Entre deux swamp, des marécages, nous sommes arrivés à Indianola. –
« BB King is my hero ! » said God. Le dieu qui a dit ça est celui dont on voyait le nom inscrit sur les murs de Londres dans les sixties. Un certain Eric Clapton, encore lui. Il faut dire que BB King est considéré par Rolling Stone Magazine comme le 3 éme meilleur guitariste de tous les temps. C’est un détail, mais cet homme est surtout un homme bon et pas seulement à la guitare. On le voit à son visage et à son comportement dans les films qui sont présentés ici au musée de Indianola. On l’a visité en allant vers New Orleans. Ce musée est juste incontournable.
Mais avant ça, en quittant Clarksdale ce matin on a fait un bref arrêt à Tutwiler. Un village improbable et complètement désolé au bord d’une voie de chemin de fer. J’ai fait faire le détour à mon Club des 5 pour leur montrer… un panneau ! Un panneau historique.
Il symbolise l’endroit exact où le Blues a été transcrit sur papier pour la première fois, en 1903. C’était un certain WC Handy, musicien, qui attendait son train dans cette campagne désolée. Derrière lui, dans un champ de coton, un demi esclave jouait du Blues avec une slide guitare. Handy qui entendait ça a retranscrit la musique sur une partition, c’est la première fois que le Blues était écrit. C’est pour ça que ce bon WC Handy est considéré comme le Father of the Blues.
A Indianola, on vient de trouver un motel avec enseigne lumineuse blafarde qui grésille et clignote bizarrement. Comme dans les films d’horreur. Dans la voiture avant d’arriver, on s’était justement imaginer une situation de ce genre. J’espère qu’on ne va pas se faire descendre pendant la nuit, le coin a l’air malfamé.
On décide avant toute chose de nous faire un restaurant mexicain. En arrivant dans le resto, je dis à la jolie serveuse : Hola, eres una chica guapa ! Elle n’a pas compris… Un resto mexicain où on ne parle pas espagnol… Mouais !
On a bien mangé quand même. Il est minuit, un dernier Jack pour Thierry. Ici Indianola, j’espère que vous allez bien. A demain sur la Route de New Orleans.
Eric Laforge
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¿ una chica guapa ? et pourquoi pas guacamole y agua con limon… tant que tu y es 😉