Je vous raconte ici chaque jour une des étapes de mon voyage avec mon ‘Club des 5’ cet été sur la Route du Blues. Entre Chicago et New Orleans.
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Salutations,
Les grattes ciel de Chicago ont brillé avec le soleil matinal, puis ils se sont éloignés et ont fini par disparaître dans le rétro.
Un réverbère qui voulait être aussi grand que les grattes-ciel.
Pour tout vous avouer, ça m’a foutu le blues de quitter cette ville attachante. Avant de tracer, on est allé hier soir à la House of Blues, temple du Blues ici à Chicago.
J’étais un peu lessivé, la nuit précédente je l’ai passée au téléphone avec ma banque en Europe pour une histoire de carte Visa bloquée. 5 heures au téléphone pour arriver à joindre une personne à 6h du mat’ que j’ai fini par insulter. J’avais les nerfs. La House Of Blues a été un grand moment de musique avec un Band génial, le bon Blues électrique (je vous explique plus bas). Une ambiance feutrée et dynamique à la fois, c’est incomparable à vivre. Après la House of Blues, on a attendu 2 heures un taxi qui nous a amené à l’hôtel. On pensait enfin s’y reposer, c’était sans compter sur la demeurée à l’accueil qui a mis 45 minutes pour nous dire combien et comment payer. Au bout de 35 minutes, n’en pouvant plus déjà de ma nuit blanche précédente je lui ai fait le calcul moi-même, elle m’a envoyé chier en me disant : « You do your maths, i do my maths ! »
Regardez attentivement l’autocollant sur la porte. Il indique comme pour tous les commerces de la ville, qu’il est interdit d’y entrer avec un flingue !
Ce matin en partant de ce foutu hôtel, on pensait laisser les soucis derrière nous, c’était sans compter avec le loueur de voitures. 3 heures pour récupérer une caisse dont le prix initial était de 550 dollars… on a finalement payé 1700 dollars. Gosh ! Une voiture trop petite pour nos 5 valises, ça promet pour les 1600 kilomètres qu’on a à faire. Mais ce n’est pas grave, entre potes, je sens qu’on va se marrer.
Chicago va me manquer, j’adore cette ville. Il y a 80 ans, d’autres que nous commençaient à arriver ici en quittant le peu qu’ils possédaient dans le Sud, ils apportaient le… Blues rural (acoustique) qui s’est peu à peu électrifié ici même. De rural, le Blues est alors devenu urbain, moins rugueux, moins frustre, plus sophistiqué. Le Blues des touts débuts avec une simple guitare s’est enrichi de nombreux instruments, dont la batterie. Je vous disais que nous avions quitté Chicago, mais pour aller où ? Direction St Louis par la Route 66 avec un arrêt à Pontiac, petite ville dont les murs et certains trottoirs sont couverts de fresques.
A chaque chemin j’imaginais croiser le fantôme de Robert Johnson. Ah oui, ça me rappelle que je ne vous ai pas encore parlé de son âme et surtout de son mystérieux 30 éme morceau de musique. Mais je vous en dirai plus dans quelques jours, lors d’un prochain épisode. En descendant la Route 66 historique, j’imaginais aussi croiser sur le bord de la route, quelques bluesmen avec la guitare sur le dos allant chercher fortune à Chicago ou Detroit. Fort improbable… Pourtant, je les ai vus, que serait la vie sans le pouvoir de l’imagination ?
Quelque part dans l’Amérique profonde.
En sortant de Pontiac, le ciel devient subitement sombre puis noir, puis la fin du monde. Nous sommes obligés de quitter la Route 66 à cause de travaux, on se retrouve sur un chemin de campagne entre des champs en dévers. Il pleut à torrent, tellement d’eau que le bas de caisse de la voiture fait ventouse. On n’en mène pas large, pas moyen de retrouver une route praticable alors qu’il fait quasi nuit. On sent la tension dans la bagnole… mais puisque je suis là pour vous raconter, vous vous en doutez, nous ne sommes pas tous morts.
L’Arche de St Louis, dans le dernier épisode de ce voyage, je vous raconterai ce qu’elle signifie.
Après ces péripéties, nous avons filé à toute allure vers St Louis. A toute allure signifie à 50 miles par heure. Avec des dizaines d’orages tout autour de nous et pendant près de 2 heures, c’était incroyable. C’était magnifique. Pas de musique au programme ce soir à St Louis, on se fait un motel dans une zone industrielle un peu lugubre. Thierry, le poto de Tahiti, cherche une machine à glaçons pour se faire un ‘Jack’, ça déstresse ! Les chambres sont à la limite de la propreté, mais rien à foutre on va bien dormir et on se rapproche petit à petit du Sud. Ça sent le coton, l’humidité,
Demain à la fin de la journée, on sera à Memphis Tennessee. Avec un peu de chance, j’y verrais Elvis. Ah l’imagination !
Depuis un Motel dans une zone industrielle glauque. A demain !
Eric Laforge
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