Chaque 11 novembre j’ai une pensée pour la Forêt de Compiègne, à 80 kilomètres au nord de Paris. C’est dans cette forêt, que je connais comme ma poche, qu’a été signée l’armistice de 1918, La Grande Guerre. Deux mots qui ne vont pas bien ensemble.
Il est environ 5H20 du matin lorsque le Maréchal Foch et le général Von Winterfeld mettent fin au conflit. Mais les ordres d’arrêter les combats ne seront transmis en 1ère ligne par un clairon qu’à 11h, ce 11ème jour du 11 ème mois de l’année 1918.
Combien de pauvres types ont-ils perdu la vie encore plus inutilement que les autres pendant les 6 heures qui se sont écoulées entre la signature et le cessez-le-feu ?
Le wagon de l’armistice, forêt de Compiègne.
– Mon grand chéri d’amour, tu dors ?
– Tout à fait !
– … mais… enfin …tu es sûr ?
– Absolument !
– … là, quelque chose a vraiment changé !!! Tu n’es plus du tout pareil, maintenant.
– Maintenant, quoi ?
– Maintenant que tu as prêté serment, que le gouvernement est ultra-flamand-pas-marrant, que les gens font la grève en général, que ta mère-grand est partie…
– C’était pas ma grand-mère !!!
– Ta belle-mère, alors ?
– Pas du tout ! Ma chérie, tu mélanges tout ! C’était ma tià.
– Ta-tià ? Tati à… chapeau ?
– Elle voulait pas qu’on l’appelle comme ça ! Et puis, d’ailleurs, elle ne m’aimait pas…
– Tu crois ?
– J’étais ce fils qu’elle n’a jamais eu. Elle me détestait d’exister.
– Mon grand chéri, tu dis des choses horribles, quand tu dors.
– Pas du tout ! Je suis triste. Ce n’est plus du tout pareil, maintenant…
– Maintenant, quoi ?
– Maintenant que Monsieur Laforge n’annonce plus midi dans le poste.